Le président algérien Abdelmadjid Tebboune s’est dit prêt vendredi à renouer avec le rôle de médiateur dans la crise malienne, mais à des conditions strictes. Alger rejette catégoriquement la présence de mercenaires à sa frontière, tandis que les tensions avec Bamako persistent autour des groupes armés du Nord. Une situation explosive que le chef de l’État algérien espère encore désamorcer.
Abdelmadjid Tebboune tend la main à Assimi Goïta. Face à la presse algérienne vendredi 18 juillet dernier, le Chef d’Etat algérien a exprimé sa disponibilité à accompagner de nouveau le processus de paix au Mali. Mais, à condition que Bamako en formule une demande officielle. « L’Algérie ne s’impliquera dans la médiation que si elle y est invitée par les autorités maliennes », a-t-il précisé, selon RFI.
Depuis plusieurs mois, les relations entre Bamako et Alger sont glaciales. Le régime malien a dénoncé l’accord de paix d’Alger signé en 2015 avec les groupes armés du Nord, accusant l’Algérie de parti pris et d’inaction. Le président Tebboune tente de calmer le jeu, tout en rappelant les lignes rouges de son pays.
Une position claire contre la présence de mercenaires à la frontière
« Même si la Russie est un pays ami, l’Algérie a exprimé son rejet quant à la présence de mercenaires à ses frontières », a déclaré Abdelmadjid Tebboune, dans une allusion directe au groupe paramilitaire russe Wagner, désormais appelé Africa Corps.
Ces propos marquent une rupture nette avec la posture plus conciliante qu’Alger adopte généralement envers ses partenaires. Mais dans un contexte où la sécurité régionale est fragilisée, notamment au nord du Mali, l’Algérie redoute une déstabilisation directe de son territoire par des forces non étatiques armées.
Une crise aggravée par des accusations mutuelles
Au-delà du contentieux autour des accords de paix, Bamako accuse désormais Alger d’héberger sur son sol « des terroristes qui viennent attaquer en territoire malien », rapporte le média français. Il s’agit notamment de combattants du Front de Libération de l’Azawad, qui ont fui vers l’Algérie après la chute de Kidal.
Or, le gouvernement algérien refuse de considérer ces rebelles comme des terroristes, parlant plutôt de groupes armés en opposition au pouvoir malien. Cette divergence de lecture accentue la méfiance et rend improbable, à court terme, une reprise du dialogue entre les deux capitales.
Une offre de médiation suspendue à un geste de Bamako
Alors que la junte malienne campe sur sa position et refuse toute main tendue pour l’instant, la balle est désormais dans le camp du colonel Assimi Goïta. Le président Tebboune laisse ouverte la porte à la diplomatie, mais pas à n’importe quel prix.
Si la paix dans le nord du Mali reste un enjeu majeur pour toute la région sahélienne, elle ne pourra se construire sans un minimum de confiance entre les deux pays. Pour l’heure, ce climat de défiance rend tout processus de médiation improbable, malgré la volonté affichée d’Alger de jouer un rôle de stabilisateur.