Au Mali, Choguel Maïga, Premier ministre au sein du gouvernement de transition a tenu des propos critiques à l’encontre du pouvoir militaire dirigé par le Colonel Assimi Goïta. Dans une déclaration samedi 16 novembre dernier, il a exhorté samedi les autorités militaires à engager des discussions sur la conclusion de la période de « transition » qui selon lui, dure trop déjà.
Alors qu’il appartient encore au gouvernement de transition au Mali, Choguel Maïga pense plutôt que le pouvoir d’Etat doit être remis aux civils. Déjà connu pour ses précédentes sorties et son discours peu tenu à l’égard des militaires au pouvoir, le Premier ministre a donné de nouvelles incisives samedi, provoquant ainsi, une vague de réactions au sein de la sphère politique malienne.
En effet, rappelant l’engagement pris en juin 2022, par les autorités de transition en vue de l’organisation des élections et le transfert du pouvoir aux civils d’ici fin mars 2024, il a annoncé le report du scrutin à une date indéterminée. « La Transition devait s’achever le 26 mars 2024. Mais elle a été reportée unilatéralement, sans concertation au sein du gouvernement », a-t-il d’ailleurs déclaré M. Maïga devant les partisans de son mouvement, le M5-RFP, dans un discours relayé sur Facebook par des médias locaux. Ces propos ont spontanément provoqué une vague de réactions au sein de l’opinion. Les uns saluant sa démission du gouvernement, les autres saluant son courage.
La classe politique divisée sur les propos de Choguel Maïga
Fousseyni Faye, membre d’un groupe d’opposants maliens en exil, considère ces propos comme un acte de défiance envers le régime dirigé par Assimi Goïta. Selon lui, en dénonçant le report des élections sans consultation au sein du gouvernement, Choguel Maïga s’est positionné comme un opposant : « Quand il dit que les élections et la transition ont été reportées sans aucun débat au sein du gouvernement, il porte un autre costume, en l’occurence celui d’un opposant ou d’un chef de file de l’opposition. Il a en tout cas mis en lumière les dysfonctionnements entre les militaires et lui-même », précise celui-ci.
Pour Ismaël Sacko, président du Parti social-démocrate africain (PSDA) et membre de la Coordination des organisations de l’Appel du 20 février 2023, ces critiques traduisent à la fois du courage et l’isolement croissant du Premier ministre.
Du côté de la junte, la riposte est immédiate. L’Alliance pour la refondation au Mali (Aréma), soutenue par les militaires, a fermement condamné le discours du Premier ministre via les ondes de l’ORTM, la chaîne publique, et a demandé sa révocation par le chef de la junte. Un autre groupe favorable au régime exige même sa démission sous 72 heures, l’accusant de « haute trahison ».
Pour l’heure, les soutiens de Choguel Maïga demeurent silencieux, tandis que le débat reflète les tensions croissantes entre civils et militaires au sommet de l’État.