Au Togo, trois députés de l’opposition ont choisi de boycotter la séance plénière convoquée ce lundi 30 juin à l’Assemblée nationale, destinée à clôturer la première session ordinaire de l’année. Par ce geste, ils entendent protester contre le silence de l’institution législative face aux manifestations antigouvernementales de la semaine précédente, durement réprimées selon plusieurs sources.
Des députés dénoncent l’inaction de l’exécutif face aux manifestations débutées depuis plusieurs jours contre le régime du président du Conseil, Faure Gnassingbé. Dans un communiqué commun, les formations politiques Dynamique pour la majorité du peuple (DMP) et Alliance des démocrates pour un développement intégral (ADDI), issues de l’opposition au pouvoir, ont vivement critiqué l’attitude de l’Assemblée, estimant qu’elle a failli à son rôle de représentation du peuple. Elles dénoncent en effet, un manque de réactivité face à une situation jugée grave et exigent la tenue d’une session extraordinaire pour examiner la crise actuelle.
Ces partis appellent notamment à la libération des personnes arrêtées lors des manifestations, à l’ouverture d’une enquête indépendante et au respect du droit fondamental à manifester. Et en réplique, les députés de ces partis représentés à l’Assemblée nationale ont boycotté une plénière convoquée pour lundi.
Selon ces partis d’opposition et plusieurs organisations de la société civile, les manifestations des 26, 27 et 28 juin contre le régime du président Faure Gnassingbé ont été violemment réprimées. Le bilan ferait état d’au moins sept morts et de dizaines de blessés, toujours selon les mêmes sources.
L’opposition accuse, le gouvernement évoque des “manifestations illégales”
Face à ces accusations, le gouvernement togolais a publié un communiqué dimanche, dans lequel il qualifie les manifestations d’illégales. Il accuse certains instigateurs, dont des ressortissants étrangers, d’avoir incité à la violence et à la désobéissance civile dans le but de déstabiliser les institutions. Les personnes arrêtées sont poursuivies dans le cadre d’une procédure en flagrant délit.
Le même communiqué félicite les forces de sécurité pour leur professionnalisme dans la gestion des troubles. S’agissant des corps repêchés dans les cours d’eau de la capitale, le gouvernement affirme que les examens réalisés ont conclu à des cas de noyade. Il appelle par ailleurs à la prudence aux abords des plans d’eau.
Alors que les tensions restent vives, l’opposition continue de réclamer une réaction institutionnelle à la hauteur de la gravité des événements. Pour l’heure, aucun signal d’ouverture n’a été donné par les autorités en ce sens, constate Africaho.