Depuis le 26 juin, les Togolais font face à de fortes perturbations sur les réseaux sociaux en raison de manifestations contre le régime de Faure Gnassingbé. Une situation dénoncée par des organisations de la société civile qui y voient une atteinte à la liberté d’expression et appellent la Cédéao à réagir à ces restrictions d’accès à internet.
La Ligue des consommateurs du Togo a tiré la sonnette d’alarme mercredi 2 juillet dans un communiqué parvenu à Africaho. L’association dénonce en effet, les restrictions d’accès à Internet observées depuis le début des manifestations anti-Faure Gnassingbé. Elle évoque notamment des entraves à l’information, des effets économiques néfastes, et une violation des droits fondamentaux.
Une position également partagée par l’ONG Internet sans frontières qui de son côté confirme ces perturbations. Appuyée par deux partenaires techniques, elle rapporte par ailleurs des ralentissements persistants de la connexion chez deux opérateurs télécoms du pays, ainsi que des blocages de certaines plateformes sociales, en particulier pendant les rassemblements.
« Une fois de plus, les autorités togolaises recourent à des coupures d’Internet sous prétexte de maintien de l’ordre », déplore Qemal Affagnon, responsable Afrique de l’Ouest de l’organisation. Il rappelle que ces pratiques violent le droit à la liberté d’expression, reconnu par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et souligne que le Togo est en situation de récidive.
En 2020, la Cour de justice de la Cédéao avait condamné Lomé pour des coupures d’Internet survenues lors des manifestations de 2017. À l’époque, des foules d’opposants s’étaient mobilisées contre une réforme constitutionnelle ouvrant la voie à un nouveau mandat pour Faure Gnassingbé. Sept ONG avaient saisi la justice régionale pour faire reconnaître la violation du droit à l’information.
La réaction de la CEDEAO, très attendue
Dans une déclaration conjointe publiée cette semaine, une quarantaine d’organisations de la société civile ouest-africaine, parmi lesquelles AfricTivistes, Togo Debout et Tournons la Page, appellent la Cédéao à sortir de son « positionnement neutre » et à « assumer ses responsabilités » face à la crise togolaise.
Amnesty International a également réagi à ces restrictions d’accès à internet. Dans un communiqué daté du 3 juillet, l’organisation de défense des droits humains appelle les autorités à mettre fin à l’usage excessif de la force contre les manifestants. Elle demande l’ouverture immédiate d’enquêtes indépendantes pour faire la lumière sur les violences signalées. Au moins sept personnes ont perdu la vie, selon Amnesty, et six autres étaient toujours portées disparues mercredi.
Les autorités togolaises, de leur côté, considèrent ces manifestations comme illégales.