Le Réseau Bénin Synergie Plus (Besyp), en partenariat avec l’organisation internationale Rutgers, a tenu pendant trois jours à Grand-Popo, un atelier de renforcement de capacités de différents acteurs des médias. Le présent atelier a porté sur les droits humains et les éléments de langage adaptés au traitement des informations relatives aux minorités sexuelles au Bénin.
Au Bénin, l’homosexualité n’est pas pénalisée, contrairement aux pays voisins que sont le Togo, le Ghana, le Nigeria ou encore, le Cameroun et l’Ouganda pour aller un peu plus loin. Malgré des tentatives législatives pour criminaliser cette orientation sexuelle dans les années 1990, le pays est resté relativement neutre sur cette question, consacrant ainsi, un vide juridique qui accorde aux adultes consentants, le droit d’avoir des relations homosexuelles. Mais cette tolérance n’est pas souvent observée, d’abord dans la libre expression de cette nature par les personnes se réclamant de cette minorité, non plus dans l’environnement socio-professionnel dans lequel, elles vivent. Les questions relatives aux minorités sexuelles notamment l’homosexualité, la bisexualité et la sexualité transgenre sont à la limite, absentes du débat social et perçues dans le pays comme un tabou dans les mentalités.
Face à ce tableau, le Réseau Bénin Synergie Plus, appuyé par le Projet RHRN (Right Here, Right Now), a tenu du mardi 02 au jeudi 04 mai à l’hôtel Bel Azur de Grand-Popo, un atelier de renforcement de capacités des hommes de médias, web-activistes, créateurs de contenus, influenceurs et blogueurs. L’objectif principal du présent atelier, précise le Directeur Exécutif du réseau Besyp, Kamal-Deen Bankolé, est d’outiller les participants sur les éléments de langage adaptés pour l’acceptation, la tolérance et l’existence des minorités sexuelles au Bénin. De façon spécifique, les participants venus de diverses communes du pays, ont davantage bénéficier de plusieurs communications données par des experts en matière de Droits et Santé Sexuels et Reproductifs (DSSR). Au cours de ces trois jours, les notions du genre, d’égalité, d’équité, d’orientation sexuelle et d’identité sexuelle ont été abordées sans tabou, clarifiées en profondeur et monnayées pour plus d’accessibilité.
Perception de la société sur les minorités sexuelles
Partant du constat selon lequel, les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) sont souvent stigmatisées et exposées à diverses formes de discrimination et violences hétérosexistes, le présent atelier a été l’occasion pour le réseau Besyp de revenir sur les différents facteurs qui sur les plans mental, génétique et sociétal influent sur la nature des personnes appartenant à cette communauté. L’une des communications, animée par Antonia Guerra, a porté entre autres, sur les différents concepts relatifs aux termes LGBTIQ avec une définition claire et détaillée des termes clés, mettant l’accent sur la différence entre « orientation sexuelle », « identité de genre », « expression de genre » et les « caractéristiques sexuelles » qui pourraient y être attribuées. Avec toutes ces informations désormais à leur portée, les participants pourront donc contribuer à déconstruire, les stigmates et les stéréotypes qui pèsent sur les minorités sexuelles au Bénin.
La question relative aux violences basées sur le Genre (VBG) n’a pas été occultée. A ce niveau, les différentes formes de violences qui se résument en violences psychologique, sexuelle et physique ont été abordées avec plus de détails. Il ressort du tableau présenté que plusieurs facteurs sont à l’origine des VBG au Bénin. Il s’agit entre autres des facteurs d’ordre individuel, relationnel, communautaire, social, institutionnel, physique et médical. Pour le Besyp, ces violences ne sont pas sans effets néfastes dans la vie des victimes. Et à l’ocsasion, un appel de sensibilisation a été lancé à l’endroit des auteurs potentiels de violences, les victimes, la communauté, les leaders religieux, les leaders politiques, les autorités administratives et les forces de l’ordre. Et ceci dans un seul but: ralentir voire stopper, l’élan galopant des VBG au Bénin.
Le rôle des médias
Au cœur du traitement de l’information, tant dans le registre formel de la déontologie de la presse au Bénin, tant sur les réseaux sociaux encadrés par la loi sur le numérique, les acteurs de médias ont davantage, été outillés sur les éléments de langage que tout article ou production audiovisuelle doit avoir parlant des minorités sexuelles. Invité pour la circonstance, c’est à travers le partage de fruit d’une investigation sur les minorités sexuelles au Bénin que le journaliste Eric Guedenon, a outillé les participants.
Dans son grand-reportage réalisé pour le compte de l’émission Canal Enquête sur cette communauté au Bénin, le Rédacteur en Chef Adjoint de Canal 3 Bénin a emmené les participants dans le vécu de certaines personnes appartenant à la communauté LGBT au Bénin. Eric Guedenon a par ailleurs, donné au delà des clichés, quelques thèmes et expressions qui pourraient être employées pour maintenir la tolérance. A l’occasion, les thèmes d’émissions liés aux DSSR et la protection des minorités sexuelles ont été définies ainsi que les canaux de diffusion adaptés.
Le Programme Right Here Right Now 2 mis en lumière
Le présent atelier a également été l’occasion pour le Programme Right Here Right Now 2 (Ici et maintenant )de décliner son champ d’actions. En effet, portée par quatre (04) organisations non gouvernementales que sont l’Association béninoise pour la promotion de la famille, le Réseau Bénin Synergie Plus, le Réseau ouest-africain des jeunes femmes leaders du Bénin et de l’association des bloggeurs du Bénin, le RHRN2 est une coalition qui fait front pour un Bénin favorable à la jouissance des droits en santé sexuelle et reproductive. La coalition intervient dans la formation et l’éducation des pairs, le Soutien Public, le plaidoyer politique et le renforcement de la société civile.
Quid du Besyp ?
Créée en octobre 2010, Bénin Synergies Plus (BESYP) est un réseau de 20 associations identitaires et un effectif de 18952 membres répandus sur tout le territoire béninois. Le réseau intervient entre autres, dans la sensibilisation sur le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) Syndrome de l’Immunodéficience Acquise (Sida) et les IST (Infections Sexuellement Transmissibles) ; la promotion des droits humains et droits en santé sexuelle et reproductive des groupes sociaux marginalisés ; la contribution à la prise en charge psychologique et médicale des personnes infectées et affectées par le VIH-Sida, l’entrepreneuriat et l’insertion professionnelle des jeunes en particulier les LGBT, etc.