L’ancien président béninois Nicéphore Dieudonné Soglo est revenu sur l’héritage de la conférence des forces vives de la nation, 35 ans après. S’il reconnait les progrès en matière d’infrastructures, il dénonce un recul des libertés fondamentales et évoque l’exil ou l’emprisonnement de plusieurs figures de l’opposition, y compris de sa propre famille.
Interrogé par TRT Afrika sur la pertinence des acquis de la Conférence nationale de février 1990, 35 ans après sa tenue, Nicéphore Soglo n’a pas mâché ses mots. Reconnaissant que le Bénin a connu une modernisation notable sur le plan des infrastructures, avec « des routes, des ponts, des hôpitaux », il a soulevé de nombreuses interrogations sur la gestion des ressources publiques et, surtout, sur le respect des libertés individuelles et collectives.
« L’argent qu’on a emprunté, qu’est-ce qu’on en a fait ? Est-ce que c’est la totalité qu’on voit ? Je ne sais pas, mais voilà ce que ça a donné », a-t-il lancé, parlant de ses descentes sur des sites d’infrastructures réalisés par le gouvernement Talon.
« Il y a des gens encore en prison… »
Mais c’est surtout sur le terrain des droits et des libertés que l’ancien président affiche sa déception : « Sur le plan de la liberté, malheureusement non », répond-il à la question de savoir si l’esprit de la Conférence est toujours vivant. Il cite nommément des figures politiques en détention ou en exil : « Il y a des gens encore en prison, comme Reckya Madougou et le professeur Joël Aïvo, comme mon fils, Léhady Soglo, ancien maire de Cotonou, qu’on a jeté en exil ».
Évoquant l’engagement politique de sa famille, Soglo rappelle les parcours de son épouse Roselyne Vieira Soglo, ancienne députée, et de ses enfants Léady et Ganiou Soglo, respectivement ancien maire de Cotonou et ex-ministre. « La famille Soglo est une famille à qui le pays a fait confiance à un moment donné ».