Au Niger, une intervention militaire ouvrirait un nouveau front avec des conséquences désastreuses pour l’Afrique de l’Ouest, a mis en garde, Daniel Edah, ancien candidat à la présidentielle de 2016 au Bénin.
26 juillet, le Niger a basculé. Des militaires ont renversé le président Mohamed Bazoum et annoncé la dissolution des institutions démocratiques. Plus de deux semaines après, le dialogue entre le CNSP et la Cédéao n’a pas permis de rétablir l’ordre constitutionnel. Réunis le 10 août à Abudja, les Chefs d’Etat de la Céédao ont activé la force en attente, ouvrant la voie à une intervention militaire.
Une solution loin de faire l’unanimité au sein des acteurs politiques de la sous-région. Daniel Edah, ancien candidat à la présidentielle au Bénin y va aussi de sa perception. Dans un communiqué publié ce mercredi 16 août, il recommande aux dirigeants ouest-africains de privilégier le dialogue pour résoudre la crise, mettant en garde contre les conséquences désastreuses d’une action armée pour non seulement le Niger, mais aussi toute la sous-région.
“J’invite les Chefs d’État de la CEDEAO et leurs pairs de l’Union Africaine à plutôt privilégier davantage la voie diplomatique en impliquant activement le parlement de la CEDEAO pour la prise en compte des opinions populaires et en s’appuyant sur les mécanismes traditionnels de résolution des conflits pour une issue diplomatique dans la mesure où les militaires qui ont pris le pouvoir au Niger ont déjà montré une ouverture à la médiation des autorités religieuses venues du Nigeria“, a-t-il écrit.
COMMUNIQUÉ SUR LA SITUATION AU NIGER
La détermination des Chefs d’État de la CEDEAO pour le retour à l’ordre constitutionnel au Niger à travers la réinstallation du Président BAZOUM au pouvoir est à saluer car participant logiquement de la défense de la démocratie et du refus de la prise du pouvoir par les armes.
Toutefois, au moment où le monde est perturbé par le retour de la guerre en Europe avec le conflit russo-ukrainien auquel l’Afrique s’est jusque-là refusée de prendre part pendant que les puissances occidentales se sont alignées aux côtés de l’Ukraine, engager une intervention militaire au Niger avec l’appui de la France et d’autres puissances étrangères à l’Afrique viendrait à ouvrir un nouveau front mondial géostratégique, à créer en Afrique de l’Ouest une extension du conflit en Ukraine et aggraver la situation de pauvreté extrême dans laquelle se trouve la majorité des africains malgré la richesse de nos sous-sols, cette extrême pauvreté étant perçue par beaucoup comme cause du terrorisme et des coups d’état.
Après analyse de ce que le Niger et toute l’Afrique de l’Ouest auront à gagner et à perdre en cas d’effectivité d’une intervention militaire de la CEDEAO avec le soutien de la France, des États-Unis et d’autres pays étrangers, vu que le reste de l’armée nigérienne s’est déjà rangée du côté des militaires auteurs du coup d’état, considérant l’opinion africaine de plus en plus hostile à l’idée de cette intervention militaire avec les risques d’exacerbation de l’insécurité dans toute l’Afrique et de souffrances supplémentaires non seulement du peuple nigérien qui ploie déjà sous une pauvreté aggravée par les sanctions mais aussi des peuples et des économies des pays voisins y compris le Bénin dont la sécurité et l’économie dépendent de la stabilité sous régionale, je voudrais remercier les Chefs d’État de la CEDEAO pour leur patience après l’expiration de leur ultimatum et les prier de ne pas mettre à exécution la menace d’intervention militaire qui pourrait dégénérer en un conflit d’une plus grande ampleur aux conséquences imprévisibles et incalculables pour toute la sous-région.
J’invite les Chefs d’État de la CEDEAO et leurs pairs de l’Union Africaine à plutôt privilégier davantage la voie diplomatique en impliquant activement le parlement de la CEDEAO pour la prise en compte des opinions populaires et en s’appuyant sur les mécanismes traditionnels de résolution des conflits pour une issue diplomatique dans la mesure où les militaires qui ont pris le pouvoir au Niger ont déjà montré une ouverture à la médiation des autorités religieuses venues du Nigeria.
Conformément aux mécanismes de prévention et de résolution des conflits de l’Union Africaine, et dans le respect des principes de subsidiarité, je demande à la Commission de l’Union Africaine de bien vouloir accompagner la CEDEAO dans la mise en place d’une plateforme de dialogue pour les acteurs nigériens.
Je demande aux militaires qui détiennent le Président BAZOUM, les membres de sa famille et ses proches d’éviter toute action attentatoire à leur intégrité physique et morale ainsi que toute escalade qui serait dommageable à une issue diplomatique.
Les relations diplomatiques entre le Niger et d’autres pays étant indispensables et fondées essentiellement sur des intérêts à préserver, défendre ou conquérir, j’exhorte la France, les États-Unis et tous les pays amis du Niger et leurs médias d’une part, et les pays africains et étrangers alliés des autorités militaires du Niger et leurs médias ainsi que les militants panafricanistes d’autre part, à plutôt accompagner les Chefs d’État de la CEDEAO et les autorités militaires du Niger pour une résolution sans intervention militaire de la crise interne au Niger.
Vive l’Afrique unie, prospère et stable !
Fait à Pretoria, le 15 aout 2023,
DANIEL EDAH
Ancien Candidat à l’élection présidentielle au Bénin (2016),