Au Niger, la junte du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) a rétabli les peines de prison pour diffamation et injures commises par des moyens de communication électronique. Selon une ordonnance signée le 7 juin 2024 par le général Abdourahamane Tiani, président du CNSP, toute personne reconnue coupable de tels délits sera exposée à une peine d’un à cinq ans d’emprisonnement.
Cette décision a été publiée le 12 juin par le ministère de la Justice, suscite de vives réactions au sein de la société civile nigérienne. Sur les réseaux sociaux et certains sites d’information, journalistes, juristes et activistes dénoncent une « atteinte à la liberté d’expression et de la presse », une « régression législative », un « recul grave » ou encore un « instrument de répression et d’oppression ».
Une tentative de musèlement et d’intimidation de la presse ?
La société civile craint que cette législation soit utilisée pour museler les voix dissidentes et réprimer les critiques contre le régime en place, créant ainsi un climat de peur et d’autocensure parmi les professionnels des médias. Selon eux, cette ordonnance menace le droit fondamental à l’expression libre et indépendante, pilier essentiel de toute démocratie.
La possibilité d’emprisonnement pour des propos jugés diffamatoires ou insultants pourrait dissuader les journalistes de mener des enquêtes sensibles ou de dénoncer des abus, affaiblissant davantage le rôle des médias comme contre-pouvoir. Cette régression est perçue comme une tentative de consolider le contrôle autoritaire de la junte sur le discours public et d’étouffer toute opposition.
Le Général Tiani avait pris le pouvoir en renversant le président élu Mohamed Bazoum le 26 juillet 2023.