Face à la chute de la production nationale du pétrole et aux tensions autour du paiement en devises étrangères, le président nigérian Bola Tinubu, restructure en profondeur la NNPC et relance l’approvisionnement en brut au taux local.
Alors que la production pétrolière du Nigeria atteint son plus bas niveau historique et que les prix du brut s’effondrent après l’annonce de nouvelles taxes douanières américaines, le président Bola Ahmed Tinubu tente une reprise en main musclée du secteur. Le chef de l’État a récemment limogé une dizaine de hauts responsables de la compagnie pétrolière nationale NNPC et réaffirmé une politique de vente de pétrole en naira destinée à stimuler le raffinage local.
La décision a été formalisée dans un communiqué publié mercredi 9 avril par le ministère nigérian des Finances. Il y est précisé que la politique de vente du pétrole brut et des produits raffinés en monnaie locale reste « en vigueur » et le demeurera tant qu’elle servira « l’intérêt public » et les objectifs économiques du pays. L’initiative « Naira contre pétrole brut », conçue pour appuyer la transformation locale des hydrocarbures, vise à réduire la dépendance aux devises étrangères et à renforcer la sécurité énergétique.
Cette clarification intervient dans un climat tendu de différend entre la NNPC et le milliardaire Aliko Dangote, dont la méga-raffinerie de Lagos avait suspendu ses livraisons de carburant sur le marché local. Contraint de payer son brut en dollars, le magnat avait préféré geler ses ventes internes, contribuant à la flambée récente des prix de l’essence dans tout le pays.
La réorientation gouvernementale fait suite au limogeage, la semaine dernière, de onze cadres dirigeants de la NNPC, dont l’ancien président. Bola Tinubu a désigné Ahmadu Musa Kida comme nouveau président du conseil d’administration et confié les rênes exécutives à Bayo Bashir Ojulari. Une double nomination perçue comme une tentative de restaurer la crédibilité d’une entreprise publique souvent critiquée pour son manque de transparence et gangrenée par des soupçons de corruption.