Sylvia et Noureddin Bongo, ex-membres de la famille présidentielle gabonaise, ont rendu public un communiqué explosif, jeudi 3 juillet, dans lequel ils accusent les autorités gabonaises d’actes de torture et de manipulations judiciaires. Une plainte a été déposée en France, accompagnée de vidéos présentées comme des preuves.
Après vingt mois de détention au Gabon, la famille Bongo rompt le silence avec fracas. Dans un communiqué diffusé depuis leur exil à Londres, Sylvia Bongo et son fils Noureddin Valentin Bongo dénoncent des « actes de torture et de barbarie » qu’ils attribuent directement à l’État gabonais. Leur message intervient quelques jours après leur audition par la justice française dans le cadre d’une plainte déposée en mai 2024 pour « séquestration, détention arbitraire, torture et traitements inhumains ».
Selon les plaignants, plusieurs éléments de preuve ont été transmis à la justice française, notamment une vidéo clandestine tournée le 28 février 2025 dans le bureau d’une juge d’instruction gabonaise. Dans cet enregistrement, la magistrate évoque des pressions exercées par des militaires pour obtenir une condamnation. Noureddin Bongo, visible dans la séquence aux côtés de son avocate, y dénonce des mauvais traitements et une procédure jugée politique.
La veille de notre départ, nous avons été forcés de signer des documents nous contraignant au silence sur le sort que nous avons subi. Mais nous ne nous tairons pas face à l’injustice.
Sylvia Bongo et Noureddin Valentin Bongo
Le communiqué consulté par Africaho affirme également que d’autres vidéos, versées au dossier, montreraient des membres du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) admettant des actes de torture. Les Bongo évoquent notamment des électrocutions, des simulacres de noyade, des coups, et des documents signés sous la contrainte.
La plainte déposée en France vise les autorités gabonaises mais aussi le système judiciaire local, que la famille accuse d’avoir été instrumentalisé. Les anciens proches du pouvoir estiment que le gouvernement prépare un « procès spectacle » pour justifier la confiscation de leurs biens.
Après leur exfiltration vers l’Angola à la mi-mai, Sylvia et Noureddin Bongo se sont installés à Londres. Le procureur gabonais avait alors affirmé que les poursuites à leur encontre se poursuivraient malgré leur absence, notamment pour corruption, détournements de fonds et falsification de documents officiels.
Quid d’Ali Bongo ?
L’ex-président Ali Bongo, également concerné par la plainte déposée en France, n’est pour l’heure visé par aucune procédure judiciaire au Gabon. Toutefois, selon une source proche de l’enquête citée par RFI, ce dernier aurait perçu 266 milliards de francs CFA (soit environ 406 millions d’euros) via des virements jugés irréguliers en dix ans. Le parquet, précise le média français, soupçonne l’acquisition de biens immobiliers à l’étranger grâce à des rétrocommissions sur des contrats militaires, et évoque aussi des ventes illicites de ressources naturelles.
Du côté des autorités gabonaises, les accusations de torture sont fermement rejetées. Concernant la situation de l’ancien chef de l’État, des responsables proches de Brice Oligui Nguema soulignent qu’Ali Bongo est apparu en public à plusieurs reprises dans sa résidence de La Sablière, où il aurait célébré son anniversaire, reçu des dirigeants étrangers et des journalistes. Ils rappellent également qu’il a refusé à plusieurs reprises de quitter le territoire.
La famille Bongo, de son côté, remercie l’Union africaine et les « partenaires internationaux » pour leur soutien, qu’elle estime avoir été décisif dans leur libération. Elle appelle désormais à une mobilisation pour faire la lumière sur les conditions de détention qu’elle dénonce, et entend poursuivre ses démarches devant les juridictions internationales.
🇫🇷 Déclaration du 3 juillet 2025 de Madame @sylviabongo et de Monsieur @noureddinbv / 🇬🇧Statement by Mrs. @Sylviabongo and Mr. @NoureddinBV – July 3, 2025 pic.twitter.com/OelgievXjJ
— Sylvia Bongo Ondimba (@Sylviabongo) July 3, 2025