A l’instar de nombreux Chefs d’Etat et de gouvernements africains, la République du Bénin participe à l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations-Unies qui se déroule depuis le 24 septembre 2024 à New-York. Représenté par Shegun Bakari, ministre des Affaires étrangères, le pays a réaffirmé son attachement indéfectible à la démocratie, à la stabilité politique ce samedi 28 septembre 2024.
Du haut de la tribune de l’Assemblée Général de l’ONU samedi 28 septembre dernier, le ministre béninois des Affaires étrangères, Shegun Bakari, s’est adressé à la communauté internationale. Porteur d’un message du Président Patrice Talon, le Chef de la diplomatie béninoise a dès l’entame de son discours, réitéré l’attachement indéfectible du peuple béninois à la démocratie, à la stabilité politique et au principe de conquête pacifique du pouvoir.
En effet, le Bénin a également dénoncé le terrorisme qui continue de sévir dans le Sahel, faisant ainsi de milliers de morts et des millions de déplacés. Ces tensions selon le ministre béninois, n’apportent que souffrances et désolation, provoquant des vagues de pauvreté qui touchent les économies les plus fragiles, et aggravent la vulnérabilité des populations.
Ci-dessous l’intégralité du message du ministre des Affaires étrangères du Bénin, Shegun Bakari.
- Monsieur le Président de l’Assemblée Générale,
- Mesdames et Messieurs les Chefs d’État, de gouvernement et de Délégation,
– Mesdames et Messieurs,
C’est avec un immense honneur que je me tiens devant vous aujourd’hui, à cette tribune emblématique des Nations Unies, au nom de Son Excellence le Président Patrice Talon, Président de la République du Bénin.
Permettez-moi, dès l’entame de ce propos, de réaffirmer l’attachement indéfectible du peuple béninois à la démocratie, à la stabilité politique et au principe de conquête pacifique du pouvoir.
Depuis l’historique Conférence nationale des forces vives de février 1990, le Bénin a choisi le chemin de la démocratie, et sous le leadership du Président Patrice Talon, nous avons su préserver et renforcer nos institutions.
Nos Forces de Défense et de Sécurité, avec courage et sens de la République, continuent de protéger notre territoire et nos institutions.
Toute velléité de déstabilisation, intérieure ou extérieure, sera vaincue. Notre marche vers le développement est désormais irréversible.
Mesdames et Messieurs,
Aujourd’hui, le monde est confronté à des tensions croissantes, et l’incertitude devient une constante de notre époque.
Nous observons chaque jour un accroissement de la polarisation, avec des crises qui, partout, sapent la cohésion mondiale et hypothèquent l’avenir de l’humanité.
Que ce soit au Sahel, au Soudan, en Ukraine, en mer de Chine ou au Moyen-Orient, les conflits qui surgissent mettent en péril la paix et la stabilité mondiales.
Ces tensions n’apportent que souffrances et désolation, provoquant des vagues de pauvreté qui touchent les économies les plus fragiles, et aggravent la vulnérabilité des populations.
Bien que l’Afrique soit souvent éloignée de l’origine de ces crises, elle n’en demeure pas moins profondément affectée. La région sahélienne, en particulier, est aujourd’hui le théâtre de tensions grandissantes, exacerbées par des décisions prises sans le consentement des Africains.
Cette instabilité compromet gravement notre développement durable. Plus inquiétant encore, certaines forces extérieures cherchent à importer leurs rivalités géopolitiques dans notre région.
Le Bénin dénonce fermement toute tentative de faire du Sahel un nouvel épicentre de luttes géopolitiques. Ces ingérences nourrissent le terreau du terrorisme, une abomination que nous condamnons sans réserve.
Que ce soit en Afrique ou ailleurs, le terrorisme est inacceptable. Aucune cause ne peut justifier la terreur, la souffrance et la destruction qu’il provoque.
Aujourd’hui, nous réaffirmons notre engagement envers l’unité africaine. Plus particulièrement en Afrique de l’Ouest, nous avons la responsabilité historique de préserver la fraternité séculaire qui unit nos peuples.
Le Bénin est prêt à jouer son rôle dans cette bataille contre le terrorisme et pour le développement. Notre unité d’action est essentielle quelles que soient les organisations auxquelles nous décidons d’appartenir.
C’est également cet attachement à la non-violence qui nous a emmené à condamner la guerre en Ukraine, les attaques terroristes du 7 octobre 2023 au Moyen-Orient, et toutes les violences qui endeuillent chaque jour nos frères et sœurs du Sahel.
Nous appelons la communauté internationale à intensifier ses efforts pour ramener la stabilité à travers le dialogue, que ce soit au Moyen-Orient, où la solution à deux États demeure la seule voie viable, ou en Ukraine, dans la région des Grands Lacs, au Soudan, en Libye ou encore dans la République sœur d’Haïti.
Mesdames et Messieurs,
En dépit de ces foyers de tension, nous ne devons jamais perdre de vue un autre défi majeur qui menace l’avenir de notre monde : la pauvreté sous toutes ses formes.
À cinq ans de l’échéance de 2030, il est douloureusement clair de constater que nous n’atteindrons pas les Objectifs de Développement Durable.
Mais nous ne devons pas abandonner la lutte. Le combat contre la pauvreté reste l’un des plus grands défis de notre époque. Sans ce combat, il n’y aura ni paix véritable, ni stabilité durable.
L’Afrique, mesdames et messieurs, est l’avenir du monde. Dans quelques décennies, notre continent sera le foyer d’un quart de l’humanité. Nos jeunes, porteurs d’une créativité immense, et nos ressources naturelles en font un atout indispensable pour l’avenir de la planète.
Mais pour que ce potentiel devienne réalité, nous devons éradiquer la pauvreté sur notre continent.
Il est urgent d’agir, car chaque année de retard compromet cet avenir.
Dans vingt-cinq ans lorsque nos pays auront pour la plupart un siècle d’existence, serons-nous encore à débattre de l’accès à l’eau potable, à l’électricité, à la santé et à l’éducation ? Ou aurons-nous enfin franchi le cap qui permettra à chaque Africain de vivre dans la dignité ?
Voilà la question essentielle que nous devons nous poser. Le temps de l’action est venu.
Depuis 2016, le Bénin a emprunté la voie du progrès sous le leadership du Président Patrice Talon. Nous avons pris notre destin en main et initié des réformes majeures, que ce soit dans l’éducation, la santé, ou les infrastructures. Aujourd’hui, nous sommes engagés sur une trajectoire de transformation et de développement.
Le monde doit reconnaître ces efforts et soutenir les nations africaines qui œuvrent pour leur avenir.
Mesdames et Messieurs,
Pour que l’Afrique prenne son envol, elle doit aussi se réconcilier avec son histoire et son identité profonde.
Comme il est impossible de comprendre l’Europe sans l’influence de l’Église chrétienne ou de comprendre le Moyen-Orient sans se pencher sur l’islam, il est tout aussi impossible de saisir l’essence de l’Afrique sans embrasser pleinement ses croyances, ses traditions, et sa civilisation.
C’est dans cet esprit que le Bénin, terre mère de la culture Vodun, a pris l’initiative de corriger les perceptions négatives sur cette culture. Nous voulons révéler au monde la richesse de notre civilisation.
En connaissant et en respectant notre histoire, nos croyances, et notre culture, le monde pourra comprendre qui nous sommes et pourquoi l’Afrique est essentielle à l’équilibre et au développement global.
Mais le respect de l’Afrique ne s’arrête pas à la reconnaissance de son passé. Il passe aussi par un panafricanisme moderne, tourné vers l’action. Un panafricanisme engagé dans la réduction de la pauvreté, dans la d’un continent prospère. Ce panafricanisme doit se traduire par des actions concrètes. Comment prôner l’unité africaine quand il est plus facile pour un Européen de voyager en Afrique que pour un Africain lui-même ?
Le Bénin a fait un choix audacieux en supprimant les visas pour tous les ressortissants africains.
Ce geste n’est pas simplement symbolique, il reflète notre engagement à bâtir une Afrique où chaque Africain puisse se sentir chez lui, partout sur le continent.
Mesdames et Messieurs,
Plus que jamais, le respect de l’Afrique passe aussi par la reconnaissance de ses enfants dispersés à travers le monde. Nos frères et sœurs de la diaspora, déracinés de force lors des heures sombres de la traite transatlantique, doivent retrouver leur place au sein de la communauté africaine.
Il est temps de guérir ces blessures, de recréer ce lien sacré avec ceux qui, bien que physiquement éloignés, portent l’Afrique dans leur cœur.
Les Afro-descendants ne sont pas de simples membres éloignés de notre famille. Ils sont nos enfants, nos frères, nos sœurs. Ils incarnent une part essentielle de notre identité collective.
En reconnaissant leur droit au retour, nous leur disons : « Vous n’avez jamais cessé d’appartenir à cette terre. L’Afrique est votre foyer, et nous vous attendons les bras grands ouverts. »
2024 marque la fin de la Décennie internationale des personnes d’origine africaine.
À cette occasion, le Bénin a pris une mesure historique en adoptant une loi qui accorde la nationalité béninoise à tous les Afro-descendants qui le souhaitent.
Cet acte est bien plus qu’un simple geste symbolique : il est une invitation à un avenir commun, un appel vibrant à l’unité et à la solidarité.
Ensemble, Africains du continent et de la diaspora, nous relèverons les défis de demain. Ensemble, nous bâtirons une Afrique forte, prospère et respectée.
Mesdames et Messieurs,
Le Bénin est prêt.
Prêt à tracer la voie vers une Afrique unie, dynamique et ouverte sur le monde.
Le siècle de l’Afrique est à portée de main. Il dépend de notre capacité à saisir cette opportunité, à bâtir une Afrique où chaque citoyen, qu’il soit né sur le continent ou qu’il fasse partie de la diaspora, joue un rôle clé dans notre renaissance commune.
Je vous remercie.