Dans une correspondance voulue privée quoique notifiée dans son contenu, adressée à Abdoulaye Bio Tchané (ABT), Secrétaire général national (SGN) du parti Bloc Républicain (BR), en date du 24 avril 2023 ayant pour Objet : « Analyse objective en vue de la démission du SGN pour sortir le Bloc Républicain de la situation de déconfiture et de désarroi qu’il traverse depuis plusieurs années », et qui s’est retrouvée sur la place publique par quelle alchimie, Rachidi Gbadamassi, qu’on ne présente plus sur la scène politique béninoise, de la présidence du Club les Buffles du Borgou, en passant par la mairie de Parakou, et de la 5ème à la 8ème législature au parlement tire la sonnette d’alarme.
Indiquant :« Inexorablement, nous avançons vers les échéances électorales de 2026 qu’il convient d’appeler « Tout en un ». C’est maintenant qu’il faut agir sinon ce serait trop tard. Chacun doit prendre donc ses responsabilités face à l’histoire. ».
Les avalanches de réactions suite à cette missive qui s’est retrouvée stratégiquement sur la place publique, sont évocatrices de ce qu’au pays, il y a toujours quelqu’un qui ne manquera de rappeler à l’opinion : «On l’avait pourtant prévenu », comme d’autres, qui eux autres sont habiles à jeter les porteurs de causes aux loups à visage découvert ou cagoulé.
En effet, à l’analyse du contexte de la survenue de ce débat au sein de l’opinion, et au vu des réactions engendrées, Gbadamassi semble avoir touché du doigt l’abcès.
Des observateurs avertis de la vie politique béninoise invités sur la survie du parti Bloc Républicain (BR) auraient relevé des points pertinents évoqués dans cette note, sans véritablement connaitre son antichambre.
Le diagnostic de Rachidi Gbadamassi, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas à travers sa lettre adressée à ABT, est poignant, et évocateur.
Faire semblant de ne pas le reconnaître, ou fine bouche, est juste suicidaire et même culpabilisant. Le lièvre a beau avoir de longues oreilles, il faut reconnaître qu’il court très vite.
Lorsqu’on a idée de la realpolitik béninoise, on sait autour de quoi tourne la survie d’un parti politique, tout comme ses chances aux différentes joutes électorales en fonction de ces paramètres. Quoi qu’on ait connu des réformes qui aurait pu faire croire à un changement de paradigme, la réalité est là et tangible.
La politique étant l’art de l’impossibilité, sauf revirement qui permettrait à Tchané d’être éligible en 2026 à la magistrature suprême, il ne fait plus partie de ceux dont le destin serait lié à l’avenir politique du BR.
Tout calcul qui tournerait autour de sa personne serait tout sauf cartésien.
Des cas d’école sont là et sautent à l’œil sur la survie des partis politiques au Bénin, même avec des leaders charismatique qui ont finalement compris que la direction du vent a changé, bien que parfois trop tard…
Et soutenir autre chose que la brèche qu’ouvre Gbadamassi, c’est refuser de faire face à la réalité ; vouloir cacher le soleil avec une main, pourvu d’être dans les bonnes grâces du moment, en politicien et non en homme d’État pensant à l’avenir et aux générations futures.
A la réalité, les crise ne sont pas mauvaises en elles, l’essentiel est ce qu’on en fait, soulignent les sociologues.
Aussi, faut-il savoir quitter les choses avant qu’elles ne vous quittent…
La realpolitik s’impose !
Le jeu politique, et bien, il faut souligner de deux traits le mot jeu, est fait de dits et de non-dits.
De stratégie et de démagogie ; De phase et d’emphase…
Aussi saugrenue que puisse paraitre aux yeux de l’opinion une telle missive du député, mieux dont l’on connaît les frasques dans la sphère politique béninoise, il faudrait le prendre avec beaucoup de repartie.
Le ‘’Buffle de Parakou », n’a de cesse de montrer son habileté politique même si aux dernières législatives, il a perdu ses cornes.
Et dans une logique des partis politiques comme ceux qui s’observent sous nos cieux, sans véritable agenda qui fasse mouvoir les acteurs et la vie politique, seuls des faits et voire même des coups d’éclat, ou des revirements de situation, au pire des scandales, contestations et autres, propulsent des mues en leur sein.
Car non régis par une structure huilée qui fixe des caps de gouvernance et de renouvellement, bien que leurs textes fondamentaux (Statut, règlement…) ne manquent d’en préciser.
Pour preuve, il a fallu qu’on instaure dans la constitution la limitation des mandats de député. Une première, à la réalité une incongruité, sinon l’expression d’un étiolement du militantisme politique.
Une option qui est loin de celle de la carrière politique qui veut qu’il y ait des gens moulés dans le système, pour veiller, guider et orienter les choix et décisions politiques.
Depuis que l’aspiration à une génération spontanée sous couvert de rajeunissement de la classe politique est devenue un refrain repris en chœur, le drame était prévisible.
Mieux, lorsque le leader d’un parti n’est plus éligible à la magistrature suprême, dans toute démocratie, passer ce cap vous frappe du phénomène de Placard. Et il faudrait passer la main.
Certains partis ont clairement, avant les législatives de 2023, projeté leurs nouvelles dynamiques, mais qu’en est-il du BR ?
Pourrait-on pas aujourd’hui faire des liens avec ses résultats à ce scrutin ?
Ce qui peut également échapper aux observateurs, est qu’il n’est pas exclu que , Gbadamassi soit missionné par le SGN du parti ou autre (s) main (s) pour porter cette charge de note, pour sa réputation pouvant ôter toute velléité.
La fuite assez singulière tout récemment de la sortie d’un ministre du gouvernement n’a pas fini de livrer son secret, tout en renforçant l’idée d’un désaccord inéluctable entre les parties.
De la note de Gbadamassi, il ne faut s’emballer de rien, ni s’embarrasser autrement, car le nouveau cap, c’est 2026, et ABT n’en est plus le Joker de luxe du BR. Même si au regard de la configuration politique du pays, il peut avoir un mot à dire ; les dernières consultations électorales, et son poids dans les débats sociopolitique laissent entrevoir que bien de cartes ne sont plus entre ses mains.
A moins de lui ouvrir une passerelle, bien que ne garantissant pour lui de décrocher le Graal.
Mais avant, pour le moment, une chose s’impose. Et il est à espérer que le BR ne connaisse de si tôt le sort des partis nés au cœur d’un pouvoir par manque d’anticipation.
Seule la nuit retient l’avènement du jour. Théophraste disait : « Il vaut mieux se fier à un cheval sans bride qu’à un discours sans ordre. » .
Eu égard à ce qui se joue actuellement au sein de ce parti, « Si l’œuf est brisé de l’extérieur, la vie prend fin. S’il est brisé de l’intérieur, la vie commence. Les meilleures choses arrivent toujours de l’intérieur. », énonce si bien le dicton.