Paulin Akponna : de la grâce à la disgrâce, un faux pas aux lourdes conséquences !

Africaho
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Kingnidé Paulin Akponna, ex-Ministre de l'Energie de l'Eau et des Mines. @Médias locaux

À Parakou, une simple déclaration publique a suffi à faire vaciller la carrière politique de Paulin Akponna. En accusant son prédécesseur de corruption sans preuve, l’ex-ministre de l’Énergie a déclenché une tempête politique, médiatique et judiciaire. Éjecté du gouvernement, lâché par son parti, cité à comparaître devant les tribunaux malgré un « mea culpa tardif », le désormais ex-ministre incarne aujourd’hui l’urgence et la nécessité de la maîtrise de la parole de l’acteur politique. Retour sur un faux pas spectaculaire qui, en cinq jours, a précipité une ascension politique vers une disgrâce brutale.

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Qu’est-ce qui a poussé Paulin Akponna pourtant crédité d’une intelligence populaire dans ce précipice ? À quoi s’attendait-il en assenant ce violent coup de sabot dans sa propre fourmilière ? Difficile d’y répondre rien qu’en restant fidèle aux différents épisodes enregistrés depuis ce qu’il est désormais loisible d’appeler : la bourde de Parakou. Visiblement une intrigue politique mal contenue, une verve mal encadrée, et qui implore la raison et la punition sur un fait de mauvaise gouvernance et de corruption au sommet. Bientôt une semaine que la cité des Kobourou a été le théâtre de cette scène politique insolite. Le désormais ex-ministre de l’énergie, de l’eau et des mines Paulin Akponna s’est tenu devant les populations pour faire une déclaration tendancieuse mais applaudie.

Assurément, il a tenu des propos critiques à l’égard de son prédécesseur et camarade de parti Samou Seïdou Adambi. Son acte pourrait certes, être assimilé à un acte de désobéissance, puisque ne cadrant pas non seulement avec la philosophie du gouvernement auquel il appartenait, mais aussi et surtout aux valeurs de solidarité et d’unité du parti Bloc Républicain dont il est membre fondateur.

Et d’ailleurs, le débat sur cette tenue de l’ex-ministre Akponna est devenu un spectacle public attirant l’attention des médias et du public. Certains journaux ont même dépeint l’affaire avec une pointe d’ironie mordante qui renseigne notamment sur l’incompatibilité entre les tâches ministérielles et les attaques et ou critiques acerbes contre les adversaires politiques. « Paulin Akponna paie cash pour son immaturité politique! « , soutient Le Grand regard,  » Akponna éjecté du gouvernement. L’ex ministre pourrait être invité à collaborer avec la justice », informe pour sa part Le Matinal. Les accusations de corruption portant sur des milliards de nos francs contre son camarade de parti et prédécesseur n’ont pas plu au sommet de l’État.

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Selon nombre d’observateurs, l’acte de l’ex-ministre Akponna n’était pas une farce. C’était une manifestation sérieuse et ordonnée contre les faits et actes de gouvernance de son prédécesseur qu’il jugeait injustes. En analysant cette actualité, on est amené à réfléchir sur les longueurs auxquelles certains cadres nommés à des postes de responsabilité iront pour sauvegarder les apparences, et comment la conservation des avantages liés au poste politique et des propos béatement applaudis par les populations peuvent conduire à des complications inattendues pour son auteur.

L’humiliation publique et la honte personnelle (débarqué du gouvernement et livré par son parti le Bloc Républicain) engendrées par les propos de l’ex-ministre auront certainement des répercussions néfastes sur son bien être émotionnel, le précipitant dans une spirale de dépression et d’angoisse. Avec cette tournure inattendue et cauchemardesque que prennent ses déclarations, on peut se demander sans se tromper : pourquoi celui-ci en est-il arrivé à dénoncer (sans vérifier), se posant en justicier alors qu’il n’était qu’un ministre ? Comment s’est-il transformé en machine à fabriquer des bavures, lui dont la parole devrait être soignée et pacificatrice? De tels fiascos laissent un sentiment d’incompréhension, et d’effroi.

Je voudrais noter humblement le caractère sacré de la parole en matière politique : tout m’engage et devrait être pesé et sous-pesé. J’en tire les leçons. J’en suis à nouveau désolé.

Paulin Akponna

Paulin Akponna, une faute avouée à moitié pardonnée?

Ce feuilleton dont l’ex ministre Akponna est l’acteur principal n’a visiblement pas fini de livrer tous ses épisodes. Alors que les commentaires et les insinuations fusent sur les réseaux sociaux, un fait nouveau est venu changer le court des choses: Paulin Akponna a exprimé ses regrets et a fait son mea culpa. Dans un communiqué consulté par la rédaction de Africaho, il a présenté ses excuses à son prédécesseur Samou Adambi, au gouvernement et à son chef le président Patrice Talon. Des excuses postérieures à la décision de son prédécesseur, qui tient à ce que son honneur et sa crédibilité soient lavés devant la justice. Par voie d’huissier, il lui a fait déposer, en bonne et due forme, une citation directe l’invitant à comparaître au tribunal dans les semaines à venir.

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N’ayant pas les preuves de ses allégations (son communiqué d’excuse) et vu la tournure inquiétante que prennent les propos qu’il a tenus dans le septentrion, Akponna surfant sur sa fibre ethnique a décidé d’emprunter une voie qui, bien que théâtralement juste, est juridiquement discutable: le pardon. Un acte qui, toutes proportions gardées, pourrait peser dans le dénouement de cette affaire. Même si son retrait de l’équipe gouvernementale sur consultation du parlement et le désengagement de son parti, Bloc Républicain font croire que la mécanique judiciaire sera enclenchée contre Paulin Akponna.

Ses déclarations ont été récupérées déjà par les députés de l’opposition qui demandent déjà des comptes à l’exécutif. Cette affaire rappelle aux commis du pouvoir exécutif l’importance de la prudence et de la retenue dans la représentation de l’État surtout dans la formulation de leurs discours, même improvisés.

Avec cette levée de boucliers contre l’ex-ministre Akponna où il est pratiquement livré à la vindicte populaire, la justice, quant à elle va certainement se rendre avec sagesse et humanité. Elle ne tentera pas de répliquer la faute dans la sanction. Se faisant, elle risque de sombrer dans une vengeance déguisée, et de perdre ainsi sa noblesse et sa légitimité. Mais comme on dit souvent, tout est bien qui finit bien. Enfin, pas toujours. Pas pour Akponna en tout cas, qui aura passé seulement 6 mois et 20 jours, le plus court règne d’un ministre sous Patrice Talon.

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