A l’occasion de la réunion du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à Washington en avril 2023, certains dirigeants africains ont haussé le ton contre les pays riches, prompts à verser des milliards de dollars à Kiev dans la guerre qui oppose l’Ukraine à la Russie.
« Aider l’Ukraine oui, mais pas au détriment de l’Afrique ». C’est ce que certains dirigeants d’Afrique ont tancé en avril dernier lors de la réunion du Fonds monétaire international à Washington. Selon l’information rapportée par Africanews qui a cité l’AFP dans un article publié mercredi 21 juin 2023, “les pays africains ont exprimé des craintes sur un double standard”, en matière d’aide internationale.
Le média cite une source diplomatique au Bénin interrogée par l’AFP avant le sommet qui se déroule à Paris pour un nouveau pacte financier mondial, regrettant une Afrique “délaissée”. Selon cette source, « la guerre en Ukraine expose le vrai visage de l’action des grandes puissances en direction du continent ».
L’aide de l’Occident afflue en Ukraine
Autrefois bénéficiaires de l’aide de l’Occident pour leurs projets de développement – en tout cas avant la guerre en Ukraine – plusieurs pays africains assistent impuissants à l’amenuisement de l’appui financier des pays du Nord. L’Ukraine qui a enregistré de lourdes pertes depuis l’éclatement de la guerre contre la Russie, a connu un effondrement de son PIB de 30% l’an dernier rapporte Africanews.
Dès lors, le pays suite à ses nombreux appels à l’aide étrangère, a vu affluer l’aide de partout en Occident. Le média ajouté que ses alliés lui avaient d’ailleurs promis au 24 février 2023, un peu plus de 150 milliards d’euros d’aide, selon des données compilées par l’Institut d’économie mondiale de Kiel (IfW).
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On voit ces flux immenses qu’on pensait impossibles à dégager, et qui sont aujourd’hui dégagés.
Hassoumi Massoudou, Ministre des affaires étrangères du Niger.
L’étonnement des dirigeants africains
Loin de se réjouir de la situation que traverse le pays dirigé par Volodymyr Zelensky, cet état de choses inquiète certains dirigeants africains qui ont d’ailleurs effectué une visite de médiation en Ukraine et Russie. Cependant, ils s’étonnent du flux de moyens financiers qui sont déployés en UKraine par l’Occident.
L’Afrique sub-saharienne a par exemple vu l’aide au développement dont elle bénéficiait baisser l’an dernier à 29 milliards de dollars (-8%) pendant que celle qui afflue vers l’Ukraine s’est envolée à 16 milliards contre moins d’un milliard un an auparavant, selon l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE). «On voit ces flux immenses qu’on pensait impossibles à dégager, et qui sont aujourd’hui dégagés», confie à l’AFP le ministre des Affaires étrangères du Niger, Hassoumi Massoudou. Et la preuve selon lui, c’est « que des ressources et des mécanismes existent » en Occident et pourraient d’ailleurs être utilisés aussi pour le continent africain.
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Le vendredi 16 juin dernier, une délégation de dirigeants africains, qui comprend notamment quatre chefs d’Etat dont le président sud-africain Cyril Ramaphosa, s’est rendue à Kiev pour une mission de médiation visant à trouver une solution pacifique au conflit opposant l’Ukraine à la Russie. Cette démarche a été diversement appréciée au sein de l’opinion publique, tant en Ukraine, tant en Afrique. Si les uns saluent la démarche des dirigeants africains comme la France, les autres estiment que les Chefs d’Etat n’ont aucune influence et donc par conséquent, ont jugé l’initiatives inopportune.