Présidentielle 2026 au Bénin : le jeu d’ombres autour du dauphin de Talon

Paul Danongbe
7 Min Read
Patrice Talon, président de la République du Bénin

À moins d’un an de la présidentielle de 2026 au Bénin, le mystère reste encore tout entier sur le « dauphin » de Patrice Talon, après les assurances de ce dernier sur son intention de quitter le pouvoir tel que prescrit par la constitution béninoise. Au sein de la majorité présidentielle, c’est une discipline totale qui règne au point où aucun de ses partisans pourtant identifiés comme de « sérieux prétendants » à sa succession préfèrent n’osent broncher. Qui bénéficiera de la confiance de Patrice Talon ? Interrogations, impatience et suspens autour de ce profil qui fait l’objet de toutes les attractions.

Ad imageAd image

Contrairement à toutes les élections présidentielles organisées au Bénin, le scrutin de 2026 s’annonce avec de gros suspens. Alors qu’il a déclaré à maintes reprises qu’il ne constituera pas en pourfendeur de la loi fondamentale du pays, Patrice Talon garde cependant, le nom de celui dont il adoubera la candidature dans les prochains mois dans le grand secret. Dans les formations politiques comme dans les discussions au sein de l’opinion publique, une seule question au bout des lèvres : qui est le dauphin dont le nom sera dévoilé en octobre tel que l’a annoncé Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement ?

Impossible de le dire – en tout cas pour l’instant – surtout quand on sait que de nombreux partisans, autrefois connus comme très proches du président béninois sont désormais forclos. En dehors de ceux avec qui, le président n’est plus en harmonie, lequel de ceux dont les noms sont agités ça et là, jouira de la confiance de l’homme qui a pourtant promis être très actif dans le choix de son successeur ? En tout cas, les jours qui passent rapprochent davantage de la date de l’échéance fatidique. Et jusque-là, aucune voix courageuse pour exprimer clairement son intention de briguer la magistrature suprême sous la bannière des partis de la mouvance.

Ce que l’on sait, le président Patrice Talon tient tout de même à se trouver un successeur qui ne « déconstruira pas » ses dix ans de réformes. « Le prochain président du Bénin sera mon président, celui de mon pays, de ma famille, de ma communauté et de tout ce qui m’est cher. Il est évident que je serai attentif à ce qu’il n’ait pas pour projet de déconstruire les réformes que nous aurons accomplies en dix ans grâce aux efforts et aux sacrifices de tous les Béninois », a-t-il indiqué dans une récente interview à Jeune Afrique. Ce qui nécessite sans doute de sa part, un bon casting.

Lire aussi :  Bénin : pas de congés de Pâques pour des enseignants et élèves de 232 écoles primaires publiques et privées

Dans certains cercles politiques et milieux intellectuels, la question suscite d’ailleurs inquiétudes, commentaires et même des insinuations diverses. Certains analysent cette longue attente comme la pièce d’un puzzle. Est-ce le signe d’un malaise qui sévit dans l’entourage présidentiel ? Au reste, le président sortant a lui-même fait savoir que tout va se jouer à six mois avant les élections. Le plus tard possible donc ! Regrettera qui veut le bon vieux temps où le climat politique était déjà en effervescence à un an de la présidentielle.

Plus tard, plus sûr  

Que n’a-t-on pas entendu ces derniers mois dans la sphère politique béninoise ? Les spéculations vont bon train et dame rumeur ne cesse de distiller dans l’opinion des noms de personnalité capable de faire le job après le Chef de l’Etat. Par ci par là ça se susurre, ça invente avec une certitude qui n’en est pas une. En cette année préélectorale, le débat sur le prototype parfait du dauphin fait rage. Si le président Talon ne rate aucune occasion pour envoyer des signaux de sérénité au peuple quant à son départ du « douillet » fauteuil présidentiel à la fin de son second et dernier mandat constitutionnel, il n’en demeure pas moins que la préoccupation sur son dauphin n’a rien d’excessif, mieux elle mérite d’être posée. Plusieurs réalités émergent tout de même de cette longue attente. Les réformes initiées au plan politique par exemple.

Lire aussi :  Bénin: Apollinaire Wilfrid Avognon libéré et mis sous convocation

Ces dernières ont d’ailleurs changé des habitudes érigées en tradition. Il y a également le code électoral dont les articles empêchent toute navigation à vue avant, pendant et après les élections. Selon le calendrier électoral, le 12 octobre 2025, tous les candidats à la prochaine présidentielle doivent être connus.

Et de son coté, le président sortant pourrait être dans une stratégie de concentrer toutes les décisions à son niveau et désigner son candidat le plus tôt, va non seulement le desservir mais desservir le candidat. Il vaut mieux surprendre.

Yayi et Talon pour un même candidat ?

Têtes d’affiches de la scène politique béninoise depuis 2016 au Bénin, Boni Yayi et Patrice Talon entretiennent des relations dont très peu de Béninois connaissent véritablement la nature. Et les prochains mois pourraient encore ouvrir la voie à une nouvelle collaboration entre ces deux hommes autour de qui s’articule principalement l’actualité sociopolitique dans le pays. En effet, dans une récente sortie médiatique, le président Talon a déclaré que le choix de son successeur pourrait coïncider avec celui de son prédécesseur Boni Yayi, aujourd’hui chef de file de l’opposition.  Est-ce un pavé jeté dans la mare politique béninoise ? Une manœuvre politique savamment calculée ? Ou simplement un coup de maître stratégique ?

D’un côté, cette sortie résonne comme un message d’ouverture, voire de réconciliation. Après des années de tensions vives entre les deux anciens alliés devenus adversaires, une telle déclaration pourrait être vue comme une main tendue, ou du moins une volonté d’apaiser le climat politique en prévision de la présidentielle de 2026.

Mais en politique, les symboles comptent autant que les actes. Talon, réputé pour sa finesse stratégique, pourrait aussi chercher à désorienter ses adversaires et à maintenir la pression au sein de sa propre majorité. En brouillant les pistes, il évite l’usure prématurée d’un éventuel dauphin tout en gardant la main sur le tempo politique.

Share This Article
Leave a Comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *