Présidentielle 2026 au Bénin : recours en série contre la CENA, un lundi décisif pour les Démocrates à la Cour

Loan Tamin
5 min
Dorothée Sossa, président de la Cour constitutionnelle du Bénin, entouré des sept sages. @Médias locaux

Au Bénin, le principal parti d’opposition, Les Démocrates, dont la candidature est toujours invalidée par la CENA, multiplie les recours devant la Cour constitutionnelle. Ce lundi 27 octobre, la Haute juridiction tient une audience spéciale pour examiner plusieurs requêtes, dont celle de Karim Goundi, militant du parti, qui conteste le nombre de parrainages requis par la Commission électorale.

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Bénin : la bataille juridique des Démocrates s’intensifie devant la Cour constitutionnelle

La situation du duo de candidats présenté par Les Démocrates reste incertaine. La Commission électorale nationale autonome (CENA) a invalidé leur dossier, après la rétractation du député Michel Sodjinou, qui avait retiré son parrainage, réduisant à 27 le nombre de soutiens dont disposait le parti. La CENA exigeant 28 parrainages minimum tel que le recommande d’ailleurs le code électoral, la candidature du principal parti d’opposition a été écartée de la liste provisoire publiée le 23 octobre dernier par l’institution.

Une décision que la formation dirigée par Boni Yayi juge politique et arbitraire. Depuis, ses dirigeants et ses militants dénoncent une manœuvre d’exclusion orchestrée pour empêcher toute alternance à la tête du pays. « Les Démocrates doivent participer aux élections. Si le pouvoir est sûr de son bilan, qu’il laisse le peuple choisir », s’indigne un sympathisant interrogé à Cotonou par Africaho.

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Un recours sur le calcul des parrainages devant la Cour constitutionnelle

Alors que la Cour constitutionnelle doit se prononcer sur quatre recours déjà déposés par le parti, un cinquième est venu s’ajouter dimanche 26 octobre. Son auteur, Karim Goundi, secrétaire adjoint à la jeunesse des Démocrates, a saisi la Cour en tant que citoyen, contestant la légalité du calcul opéré par la CENA pour déterminer le nombre de parrainages requis.

Selon la CENA, chaque duo candidat doit réunir 15 % des élus (maires et députés), soit 28 parrainages sur les 186 élus au total (109 députés et 77 maires). Mais pour Karim Goundi, cette interprétation est mathématiquement et juridiquement erronée. Dans son recours cité par Banouto, il affirme que 15 % de 186 donnent 27,9, et qu’en comptage précis, le nombre réel de parrainages exigibles devrait être 27, non 28.

Il cite l’article 132 du code électoral du 10 mars 2024, selon lequel « nul ne peut être candidat […] s’il n’est dûment parrainé par un nombre de députés et/ou maires correspondant à au moins 15 % de l’ensemble des élus ». Pour lui, « le législateur n’a jamais voulu fixer un nombre absolu, mais un taux variable selon le nombre d’élus ». En fixant ce seuil à 28, la CENA aurait violé la Constitution et la loi électorale.

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En tout, quatre recours émanent du duo candidat, du député Michel Sodjinou et d’autres membres du parti, tous contestant la non-validation du dossier des Démocrates. La Cour constitutionnelle devra trancher ce lundi 27 octobre lors d’une audience plénière spéciale. Son verdict est tellement attendu, tant il pourrait réorienter la dynamique du scrutin présidentiel.

Une inquiétude grandissante dans l’opinion

Dans les rues de Cotonou et sur les réseaux sociaux, la population suit cette actualité avec passion. Beaucoup y voient d’ailleurs une épreuve décisive pour la démocratie béninoise. D’un autre côté, les citoyens appellent la Cour à garantir un jeu électoral équitable, tandis que d’autres estiment que le parti aurait dû mieux anticiper ses démarches administratives.

Au-delà du débat juridique, une question demeure : le Bénin se dirige-t-il vers une présidentielle sans véritable opposition ?
Pour nombre d’observateurs, l’enjeu dépasse le sort d’un seul parti. Il touche à la crédibilité du processus électoral et au pluralisme politique dans un pays longtemps cité en exemple de stabilité démocratique.

Les regards sont désormais tournés vers la Cour constitutionnelle, dont la décision pourrait redessiner le paysage politique à six mois du scrutin.

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