Présidentielle au Tchad : le sang va-t-il encore couler ?

Loan Tamin
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Le Tchad est de nouveau dans les tumultes politiques. Masra Succès et ses militants n’entendent point consommer la victoire proclamée de Mahamat Idriss Déby Itno. Il déclare être en réalité le candidat élu des urnes.

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Le 12 mai, le candidat des Transformateurs a saisi le Conseil Constitutionnel qui n’a pas encore dit la vérité des urnes. Cela n’a pourtant pas empêché la pluie des discours et faits favorables aux tumultes politiques. De gigantesques manifestations de protestation contre le président sortant, proclamé vainqueur, se profilent  à l’horizon. Du côté de Mahamat Déby, la violence militaire s’installe visiblement pour étouffer les éventuelles expressions contre sa victoire annoncée par l’Agence Nationale de Gestion des Élections (ANGE).  Cette évidence semble être d’ailleurs la raison de la parade inhabituelle de l’Armée un peu partout dans la capitale, Ndjamena.


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« Depuis l’annonce des résultats, la ville de N’Djamena est quadrillée, bunkerisée avec des violences partout etc… Dans les provinces, nos délégués sont poursuivis par certaines autorités administratives, 76 de nos collègues croupissent à la maison d’arrêt de Klessoum au nom d’aucune infraction. Une sorte de chasse à l’homme qui ne dit pas son nom. Le Premier ministre Succès Masra fait l’objet d’une surveillance accrue avec des drones, avec des militaires partout, alors qu’il est encore Premier ministre », dénonce Sitack Yombatina, vice-président du parti Les Transformateurs dirigé par premier ministre Masra Succès.

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Des morts déjà enregistrés…

Lundi 13 mai, l’Union Européenne (UE) a exprimé son inquiétude aux « violences  post-électorales » et déploré la mise à l’écart de nombreux observateurs de la présidentielle. Dans la journée d’hier, une manifestation d’élèves dénonçant la « mascarade électorale » a été dispersée par les GMIP au Lycée Public de Walia dans le 9e arrondissement. Conséquence, les cours ont été ensuite suspendus dans cette école ainsi que dans les établissements privés de la zone, selon nos sources.

Et ce n’est pas tout ! Le 9 mai peu après l’annonce des résultats, des soldats ont, pour célébrer la victoire de leur leader Mahamat Déby proclamé vainqueur, procédé à des tirs mortels dits “tirs de joie” ; lesquels ont coûté la vie à une vingtaine de Tchadiens et rendu grabataires une soixantaine dans les lits hôpitaux.


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L’évidence qui ferait encore gicler des Tchadiens dans le sang …

Le jusqu’auboutisme est un virus qui asphyxie  le dialogue  pour souhaiter la bienvenue à la violence. Ce virus attaque déjà visiblement les deux camps. Pendant que Les Transformateurs rejettent en bloc la victoire de l’homme au pouvoir, Mahamat Déby, des Organisations de la société civile restent inchangées dans leur lutte de la “non poursuite de la dynastie de Déby”, confortant Masra Succès. « Notre requête, c’est l’annulation pure et simple de cette mascarade électorale », insistent Les Transformateurs, parti de Succès Masra.

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Proclamé “chef de l’Etat” il y a trois ans par l’Armée à la suite de la mort de son père Maréchal Idriss Déby, le Général Mahamat bénéficiant la confiance de ses camarades d’armes, connait sans doute le gout du pouvoir. Sans risque de se tromper, l’on peut dire qu’il ne sera facilement favorable à aucune décision ou injonction institutionnelle pour remettre le pouvoir à son challenger criant au vol de ses voix. L’écart entre les chiffres avancés par l’Agence Nationale de Gestion des Elections (ANGE) est largement grand pour faire sans aucun risque la volonté de Masra par le Conseil Constitutionnel.


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En vérité, le rêve des Transformateurs est loin d’être réalisé. Il faudra donc aller à la table de négociations pour taire tôt les violences au grand bonheur du peuple tchadien. Sinon, la dégénérescence des manifestations et discours va-t-en guerre convergera  vers la guerre civile ou militaire et l’instabilité de la Patrie, ennemis de la paix.

Pour mémoire, les statistiques de l’ANGE font état de 61,03% des suffrages pour Mahamat Déby contre 18,53% pour son premier ministre, Masra Succès.

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