« Je viens d’apprendre que l’un de nos militants, les plus rigoureux, le petit frère Shadrack Houngnibo a été arrêté », déclarait il y a quelques jours, Kemi Seba dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Le président de l’Ong Urgences panafricanistes indiquait que son camarade de lutte a été arrêté parce qu’il a fait usage de son droit d’expression. Une arrestation qui n’est rien d’autre qu’une manœuvre du régime pour tenter d’éteindre une voix dissonante, avait-il également soutenu.
Interpellé puis placé sous mandat de dépôt par le parquet spécial, Schadrac Houngnibo, coordonnateur de Urgences panafricanistes au Bénin a comparu ce lundi 18 décembre 2023 devant la juridiction spéciale. Le jeune activiste béninois est poursuivi par le parquet spécial pour divers chefs d’accusation dont ceux d’injures avec motivation raciste et xénophobe. L’activiste est accusé d’avoir, à l’occasion de sortie sur le réseau social Tik Tok, insulté le chef de l’Etat béninois, Patrice Talon, et incité à la haine et à la violence.
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Le prévenu plaide non-coupable
Lors de l’audience devant la juridiction spéciale, le substitut du procureur spécial a requalifié les faits d’« injure avec motivation raciste et xénophobe commise par le biais d’un système informatique, incitation à la haine et à la violence » reprochés à Schadrac Houngnibo en « injure pour motivation politique ». Le ministère public a donc demandé à la Cour de retenir le prévenu dans les liens de la justice et de le condamner à deux ans de prison assortie de sursis.
Mais à la barre, le prévenu a plaidé non-coupable soutenant qu’il n’a jamais insulté ni le chef de l’État béninois et le chef d’état-major de l’armée française. Devant la Cour, l’activiste a plutôt fait savoir qu’il a juste donné son analyse sur la situation au Niger après ce qui s’est passé en Libye au temps de Khadafi. Des propos qui ont par ailleurs été argumentés par la défense du prévénu. En effet, Maître Hugo Koukpolou, avocat de Schadrac Houngnibo a exposé le manque de preuves, notamment de preuve matérielle pour condamner son client. Le conseil demande à la juridiction de constater par conséquent que l’infraction n’est pas constituée contre son client.
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Juan Branco, l’avocat franco-espagnol s’étonne
A ce procès qui a retenu les attentions, le très populaire avocat franco-espagnol, Juan Branco a effectué le déplacement pour défendre le collaborateur de Kemi Seba à la juridiction spéciale à Porto-Novo. A sa prise de parole, il a d’abord exprimé sa fierté de plaider au Bénin et devant les juges de la CRIET. L’avocat a ensuite exprimé l’étonnement qu’il ressent en voyant un Africain poursuivi devant les juridictions nationales pour s’être plaint de la puissance coloniale.
Le verdict de la Cour
Au terme du procès, la CRIET dans son délibéré, a retenu la requalification des faits « injure avec motivation raciste et xénophobe commise par le biais d’un système informatique, incitation à la haine et à la violence » en « injure pour motivation politique ». Les juges ont alors condamné le collaborateur de Kemi Seba au Bénin à une peine de cinq millions francs CFA.