Deux jours après son retour en République démocratique du Congo (RDC), par la ville de Goma, aux mains du M23, l’ancien président Joseph Kabila est visé par des poursuites judiciaires. Le gouvernement de Kinshasa l’accuse de complicité avec la rébellion soutenue par le Rwanda et annonce des mesures drastiques contre son parti, le PPRD.
La scène politique congolaise s’embrase à nouveau autour de la figure de Joseph Kabila. L’ex-chef d’État, rentré d’un long exil vendredi dernier par Goma, principal bastion de la rébellion M23/AFC dans l’est de la RDC, est désormais dans le viseur du pouvoir de Kinshasa. Ce dimanche 20 avril, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a ordonné des poursuites judiciaires à son encontre pour « participation à l’agression rwandaise à travers le M23/AFC », accusant Kabila et ses proches de « haute trahison ».
Dans un communiqué au ton ferme, Mutamba a indiqué avoir instruit le procureur général près la Cour de cassation et l’auditeur général des Forces armées d’ouvrir des procédures judiciaires à l’encontre de l’ancien président et de ses « complices ». Il a également exigé la saisie de leurs biens mobiliers et immobiliers ainsi que la mise en place de restrictions de déplacement pour les hauts cadres du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), principale composante du Front Commun pour le Congo (FCC), dirigé par Kabila.
Quelques heures plus tôt, le vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, avait suspendu toutes les activités du PPRD, dénonçant « l’activisme avéré » de son leader dans le conflit qui ravage l’est du pays et le « silence complice » de son appareil politique.
À Goma, Joseph Kabila prépare une adresse « historique »
Joseph Kabila, qui avait quitté la présidence en 2018 après dix-sept ans au pouvoir, s’était progressivement éloigné de la scène politique depuis la rupture de sa coalition avec l’actuel président Félix Tshisekedi en 2020. À l’époque, ce dernier avait réussi à reconfigurer la majorité parlementaire à son avantage, affaiblissant l’influence du clan Kabila dans les institutions.
Mais le retour soudain de l’ex-président, dans une ville désormais sous le contrôle de rebelles alliés à Corneille Nangaa, ancien président de la CENI et ex-proche du régime, a ravivé les tensions. Resté silencieux depuis son arrivée à Goma, Joseph Kabila devrait bientôt briser le silence. Son conseiller diplomatique, Barnabé Kikaya, promet une adresse « historique » à la nation.