RDC : Joseph Kabila désormais aux mains de la justice militaire

Paul Danongbe
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Joseph Kabila, ancien président de la RDC. @X

En République Démocratique du Congo, le Sénat a voté à une écrasante majorité la levée des immunités de l’ancien président Joseph Kabila ce jeudi 22 mai 2025. L’institution ouvre ainsi la voie à des poursuites judiciaires pour des accusations d’une gravité exceptionnelle.

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Le Sénat lève les immunités de Joseph Kabila en RDC. La justice militaire peut désormais poursuivre l’ancien président pour des faits jugés de trahison, crimes de guerre, crimes contre l’humanité et participation à un mouvement insurrectionnel. Au terme des débats ce jeudi, le résultat du scrutin sénatorial est sans équivoque : 88 voix pour, 5 contre et 3 abstentions. Avec ce vote, les parlementaires ont ainsi donné leur feu vert à la justice militaire, qui souhaite interroger l’ex-président sur son rôle présumé dans la rébellion de l’AFC/M23, active dans l’est du pays.

Débutée par une saisine du ministre de la Justice, la procédure s’inscrit dans un contexte d’intensification du conflit dans les provinces orientales. Le procureur général des Forces armées avait sollicité le Sénat pour pouvoir instruire un dossier visant celui qui, en tant qu’ancien chef de l’État, détient à vie le statut de sénateur.

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Des positions diverses au sein des partis politiques

La classe politique congolaise s’est immédiatement emparée du sujet. Au sein de l’UDPS, les réactions oscillent entre prudence et approbation. Le sénateur Jules Lodi, interrogé par RFI rappelle que cette décision ne vaut pas condamnation et insiste sur la présomption d’innocence. Il souligne néanmoins que « personne n’est au-dessus des lois ». À l’opposé, Jean Tshisekedi salue une « mesure historique », évoquant des faits « très dangereux pour la nation ».

Du côté du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), formation fondée par Joseph Kabila, le ton est tout autre, rapporte le média français. Le porte-parole Ferdinand Kambere conteste la légitimité du vote sénatorial, arguant que seul le Congrès aurait compétence pour décider de la levée d’immunité d’un ancien président. « Il ne s’agit pas d’un sénateur ordinaire. Il bénéficie d’un régime pénal spécial », martèle-t-il, dénonçant une « chasse aux sorcières ».

Je n’ai jamais fui mes responsabilités, ni devant le peuple, ni devant l’Histoire. Je n’ai pas besoin d’immunité pour faire face — mais ceux qui me désignent aujourd’hui comme cible devraient déjà réfléchir à ce qu’ils répondront demain.

Joseph Kabila

Kabila dénonce une « manœuvre politique »

Sur les réseaux sociaux, Joseph Kabila n’a pas tardé à réagir. Dans un message publié sur X, il affirme prendre acte de la décision, tout en dénonçant « une manœuvre politique désespérée, dans un contexte de panique au sommet de l’État ». Selon lui, la procédure a été menée dans la précipitation, au mépris des équilibres institutionnels.

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Au pouvoir de 2001 à 2019 en RDC, Joseph Kabila est désormais aux mains d’une justice militaire qui entend l’auditionner sur ses liens présumés avec la rébellion armée du M23. Une affaire au retentissement national qui risque d’ébranler durablement l’équilibre politique congolais.

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