La révision constitutionnelle, principal sujet qui a meublé l’actualité au Bénin ces dernières semaines continue d’alimenter la polémique. Le mardi 9 janvier 2024, alors qu’il tenait son traditionnel point de presse, le porte-parole du gouvernement a apporté des clarifications sur la supposée intention du pouvoir Talon de procéder à une nouvelle révision de la constitution. En effet, relevant que ce projet de révision de la constitution n’existe pas, Wilfried Léandre Houngbédji a souligné que « ceux qui agitent l’idée d’une telle révision parmi lesquels des gens qui hier, ont ferraillé dur, ont tout fait pour obtenir une révision opportuniste afin de prolonger leur bail à la tête du pays… ».
Des propos qui ont fait réagir Boni Yayi dimanche alors qu’il prenait part à un meeting de réconciliation et de remobilisation de sa formation politique à Dogbo. Telle une réplique, le président du parti Les démocrates a apporté sa part de vérité de “l’accusation” d’une révision opportuniste. « Je n’ai jamais été tenté, c’est une seule fois », se défend Boni Yayi qui s’est inscrit en faux contre une révision opportuniste de la constitution contrairement à ce que laisse croire le gouvernement en place. L’ancien président de la République est revenu sur les trois principales raisons qui l’avaient motivé à introduire à l’Assemblée nationale le projet de loi portant révision de la loi fondamentale du 11 décembre 1990. Il s’agit premièrement de la Cour des comptes. « C’est pour voir si le pays est bien géré. Si nos ressources sont bien gérées dans le cadre communautaire de l’UEMOA. Nous étions les derniers. Il fallait constitutionnaliser cela. Ça s’impose à nous », a expliqué en effet, le président du parti LD.
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D’autres explications sur ses raisons de vouloir d’une révision à l’époque
Face aux populations de Dogbo, Boni Yayi a évoqué un second point qui explique notamment l’introduction de ce projet de loi est la constitutionnalisation de la Commission électorale nationale autonome (CENA), l’institution chargée de l’organisation des élections au Bénin. Et pour lui, les acteurs d’opposition s’étaient précisément dressés à l’époque contre ce projet de révision constitutionnelle qu’il avait introduit à l’Assemblée nationale en raison de l’imprescriptibilité des crimes économiques que portait le projet.
« Lorsqu’ils ont entendu l’imprescriptibilité des crimes économiques, c’est-à-dire si vous volez, on va poursuivre votre cercueil. Ils ont dit jamais », fait savoir Boni Yayi. Selon le prédécesseur de Patrice Talon, ses vis-à-vis avaient prétexté que c’est une nouvelle République s’il touchait à la constitution. En revanche, la révision constitutionnelle qu’il avait souhaitée n’a pas abouti. « Donc il fallait faire demi-tour (…). Plus jamais, je ne suis revenu sur cette affaire. Car la constitution, c’est l’ADN des Béninois », lâche le président du principal parti d’opposition qui a par ailleurs cité comme témoin le Professeur Mathurin Coffi Nago, ancien président de l’Assemblée nationale.« Lorsque je lui ai envoyé ce projet de loi, il m’a envoyé une lettre pour accuser réception et il m’a félicité d’avoir proposé cela. Ça date du 7 juin 2013 », se souvient-il.