Révision constitutionnelle au Bénin : Assan Séibou explique la trêve politique et justifie l’allongement des mandats

Narcisse Aberekere
6 min
Assan Séibou, député du Bloc Républicain

Invité de l’émission Le Débat sur Canal 3 Bénin samedi 15 novembre 2025, le président du Groupe parlementaire Bloc Républicain, Assan Séibou, l’un des initiateurs de la proposition de loi, a clairement expliqué le sens de la trêve politique prévue dans la nouvelle Constitution et les missions du Sénat. Il défend un mécanisme destiné, selon lui, à protéger l’unité nationale et à assainir la vie publique.

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Bénin : voici ce que change réellement la trêve politique selon Assan Séibou

On en sait désormais un peu plus sur la logique de la trêve politique inscrite dans la nouvelle Constitution du Bénin. Sur Canal 3 Bénin samedi 15 novembre, Assan Séibou, l’élu de la 14ᵉ circonscription, l’un des initiateurs de la proposition de cette loi, a expliqué que cette trêve répond à une nécessité pour stabiliser le pays et empêcher les dérives qui cadencent trop souvent la vie publique.

En effet, il rappelle que depuis 1991, chaque président qui arrive au pouvoir fait face, dès sa deuxième année, à l’agitation de comités de soutien et de groupes de mobilisation. « À peine deux ans passent et les comités de soutien commencent. Ça distrait les travailleurs. On y dit des choses qui découragent ceux qui investissent », déplore-t-il. Ces comportements, selon lui, ne sont pas seulement anecdotiques, ils fragilisent l’action publique, qu’ils viennent de l’opposition ou de la mouvance.

Il dénonce aussi les prises de position excessives qui, au nom d’une appartenance politique, contredisent ouvertement des mesures de l’État. Il cite les tensions nées autour de la régulation du marché de certains produits, où des acteurs politiques ont encouragé la population à ne pas suivre les directives du gouvernement. Pour lui, ces attitudes relèvent clairement de la désobéissance à la loi et alimentent un climat d’incivisme.

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La trêve politique est donc pensée comme une période où les acteurs publics suspendent volontairement ces agitations pour éviter les dérapages et préserver la stabilité institutionnelle. « Quand quelqu’un vient dans un média et dit des choses graves sur sa nation, des choses qui compromettent la sécurité, le développement, les droits humains, c’est grave », souligne-t-il. Le nouveau dispositif devrait permettre d’encadrer ces excès pour éviter que le pays ne s’enlise dans des tensions inutiles.

Le rôle déterminant du Sénat dans l’application de la trêve

Dans cette nouvelle architecture institutionnelle, le Sénat occupe une place centrale. Assan Séibou le décrit comme une institution « apolitique et même partisane », une chambre de sages chargée de sauvegarder l’unité nationale et d’assurer le respect de la trêve.

L’élu insiste sur la capacité du Sénat à sanctionner les dérives politiques. Il prend un exemple précis. Lorsqu’un acteur politique déclare que son pays « amasse une troupe pour agresser un autre pays » sans aucune preuve, il s’agit d’une faute grave. Pour lui, de tels propos doivent entraîner des sanctions politiques pouvant aller jusqu’au retrait des droits civiques. « Vous ne pouvez pas gouverner ce pays si vous êtes dans cet esprit-là », martèle-t-il.

Il met aussi en lumière la question récurrente des campagnes déguisées. « Certains se permettent de distribuer des tee-shirts alors qu’il n’y a pas campagne. On a prescrit qu’on ne doit pas entrer en meeting, qu’on ne doit même pas distribuer de tee-shirts un an avant. Personne ne dit rien, mais ce n’est pas normal », dénonce-t-il. Le Sénat servira de garde-fou pour mettre fin à ces pratiques.

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Assan Séibou précise toutefois que les sanctions du Sénat ne seront pas pénales. Elles vont viser surtout à réguler la vie politique, à protéger les institutions et, si besoin, à faire des observations au président de la République. « Le Sénat n’est pas là pour protéger le président. S’il y a quelque chose qui ne va pas, il doit le lui dire », affirme-t-il.

Allongement du mandat présidentiel et parlementaire à 7 ans

Le président du groupe parlementaire Bloc Républicain s’est aussi prononcé sur l’allongement du mandat présidentiel et parlementaire à 7 ans. Il voit dans cette évolution une adaptation aux réalités du pays. Le Bénin, selon lui,  dépend fortement des financements internationaux pour mener ses grands chantiers. Les premières années d’un mandat servent souvent à identifier les partenaires, mener les études, négocier et harmoniser les projets. « Ça prend quatre ans. C’est souvent dans le second mandat que vous voyez les réalisations. Talon, c’était ça. Yayi, c’était pareil », rappelle-t-il.

À cela s’ajoute la pression d’une campagne précoce, qui vient grignoter la fin d’un mandat déjà court. Pour l’élu, sept ans est donc une durée raisonnable pour permettre au président et aux députés de déployer une action cohérente, mener des chantiers structurels et être évalués de façon vraiment objective.

Faut-il le notifier, il estime enfin que cette durée harmonisée pour l’exécutif et le législatif permet de maintenir le principe des élections générales, un choix qu’il juge important pour la lisibilité démocratique.

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