Au Rwanda, Human Rights Watch (HRW) a publié, ce mardi 15 octobre, un rapport accablant sur la pratique de la torture dans deux prisons et un centre de rétention.
De nombreux détenus dans les prisons au Rwanda subissent des cas de torture. C’est la conclusion majeure que Human Rights Watch (HRW), une organisation de défense les droits de l’homme et le respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme a tirée dans un rapport présenté mardi. En effet, ce document fait suite à la condamnation en avril dernier d’Innocent Kayumba, ancien directeur des prisons de Rubavu et de Nyarugenge, à 15 ans de prison pour l’agression et le meurtre d’un détenu à Rubavu en 2019. Toutefois, selon HRW, cette condamnation ne fait que masquer des abus beaucoup plus répandus.
Dans le présent document cité par RFI, de nombreux prisonniers subissent de la torture dans le pays dirigé par Paul Kagame. « Les atteintes graves aux droits humains y compris la torture, sont monnaie courante dans de nombreux centres de détention du Rwanda », précise par ailleurs le document. L’organisation dénonce également des cas de décès survenus après des séances de torture dans ces établissements.
Des témoignages d’anciens détenus
L’ONG a recueilli les témoignages d’anciens détenus de Kwa Gacinya, un centre de détention non officiel à Kigali, où les prisonniers sont souvent contraints de confesser des crimes sous la menace. Les méthodes utilisées comprennent des simulacres d’exécution, des passages à tabac, et d’autres formes de torture.
Les anciens détenus décrivent des cellules exiguës, mesurant environ un mètre sur deux, qu’ils comparent à des cercueils. En janvier 2020, l’opposant Venant Abayisenga a relaté les mauvais traitements subis dans ce centre, affirmant que des détenus y avaient été tués. Abayisenga a disparu cinq mois plus tard dans des circonstances mystérieuses.
Le gouvernement invité à mettre fin au fléau
Le rapport fait également état de mauvais traitements à la prison de Nyarugenge, où des prisonniers ont été forcés de rester dans un conteneur rempli d’eau tout en étant frappés par des agents pénitentiaires et d’autres détenus agissant sous leurs ordres. Parmi les méthodes de torture, la privation de sommeil par des lumières et de la musique à volume élevé est aussi signalée.
À la prison de Rubavu, des anciens détenus ont rapporté que les passages à tabac étaient fréquents, souvent orchestrés par Innocent Kayumba, et qu’ils avaient conduit à la mort de onze prisonniers, dont les noms ont été recueillis par l’ONG.
HRW dénonce des manquements graves au sein des services correctionnels, mais également dans le système judiciaire et l’institution nationale de protection des droits humains. L’organisation appelle le gouvernement rwandais à mettre fin à la torture et aux mauvais traitements infligés aux détenus.