La justice sénégalaise a lancé vendredi 3 octobre les premières auditions dans l’enquête sur les violences politiques survenues entre 2021 et 2024. Une étape très attendue par les familles de victimes et les organisations de la société civile.
Violences politiques au Sénégal : les victimes enfin écoutées par la justice
L’enquête judiciaire sur les violences politiques au Sénégal entre 2021 et 2024 est désormais est désormais ouverte. Vendredi 3 octobre, les premières auditions ont débuté à Dakar. En effet, selon RFI, la procédure est menée par la Division des investigations criminelles (DIC) et la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane.
D’abord, parmi les premiers entendus figure Pape Abdoulaye Touré. Ce militant affirme avoir été torturé. Pendant près de cinq heures, il a livré son témoignage aux enquêteurs. Son avocat, Me Faty, salue cette avancée : « Nous sommes très contents d’apprendre que le dossier a été transmis pour qu’une enquête soit ouverte. Les victimes sont rassurées et ont hâte que justice soit faite ! ».
Ensuite, les faits en question sont graves : meurtres, actes de torture, assassinats, voire crimes contre l’humanité. Selon les autorités, plus de 80 personnes ont perdu la vie au cours des manifestations. Le dossier avait été ouvert en juillet 2025, à l’initiative de l’ancien ministre de la Justice, Ousmane Diagne.
D’autres témoins doivent être auditionnés prochainement. Parmi eux, Abdoulaye Wade, frère d’un manifestant tué en 2023, et Binta Bâ, mère d’un adolescent mort en 2021.Cette enquête était réclamée depuis longtemps. Les familles de victimes dénonçaient l’adoption, en février 2024, d’une loi d’amnistie couvrant les crimes liés aux manifestations politiques.
Une mesure jugée incompatible avec le droit international, selon un rapport conjoint de l’Université de Stanford et de l’Africa Jom Center publié en janvier 2025. Aujourd’hui, cette loi a été partiellement revue. Et avec ces premières auditions, la justice sénégalaise amorce un tournant attendu dans la recherche de vérité et de responsabilité.