Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a suscité une vive polémique avec ses récentes déclarations concernant le port du voile islamique dans certaines écoles.
La communauté musulmane au Sénégal critique les propos d’Ousmane Sonko sur le voile à l’école. Lors d’une cérémonie de distinction des meilleurs élèves du Sénégal le 30 juillet 2024, le Premier ministre a affirmé que l’État n’acceptera plus que les filles portant le voile soient exclues de certaines écoles. Il faisait ainsi référence aux établissements catholiques où les pratiques ne sont pas les mêmes.
Aussitôt, les propos du Premier ministre ont déclenché une réaction immédiate et diversifiée. C’est d’ailleurs pour cela que l’abbé André Latyr Ndiaye a adressé une lettre ouverte au Premier ministre. En effet, critiquant sévèrement ses déclarations, le prêtre catholique a clairement sa désapprobation à Ousmane Sonko. Dans sa correspondance citée par Afrique sur 7, il a évoqué une citation latine « qui bene amat bene castigat » pour souligner qu’il est de son devoir de corriger un jeune politicien nouvellement promu. L’abbé a également rappelé que le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye avait lui-même fréquenté une école catholique.
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Des appels à la cohésion et des clarifications
Idrissa Seck, ancien Premier ministre, a pris la parole sur Facebook pour appeler à l’unité, soulignant la nécessité de préserver la cohésion sociale malgré les divergences religieuses et culturelles au Sénégal.
Le ministre de l’Éducation nationale, Moustapha Guirassy, a tenté de clarifier les propos du Premier ministre en affirmant qu’ils avaient été mal interprétés. Selon lui, Ousmane Sonko critiquait les inégalités d’accès à l’éducation créées par les règlements intérieurs des écoles interdisant le voile, alors que la constitution sénégalaise interdit la discrimination religieuse.
Ce débat ravive les souvenirs d’un incident similaire survenu en septembre 2019, lorsque l’Institut Sainte-Jeanne d’Arc de Dakar avait renvoyé une vingtaine de jeunes filles voilées, exigeant une « tête découverte » pour les élèves. Cet incident avait été rapidement réglé par les autorités de l’époque.
Les récentes déclarations du Premier ministre soulèvent de potentielles tensions entre la laïcité de l’État et les pratiques religieuses dans les établissements scolaires, un sujet sensible au Sénégal où la coexistence de différentes croyances et traditions est un enjeu majeur.