Le sommet Russie-Afrique qui s’est refermé vendredi 28 juillet 2023 à Saint-Pétersbourg a laissé transparaitre des tensions entre dirigeants africains. Bien que le président russe Vladimir Poutine et le président en exercice de l’Union africaine Azali Assoumani, aient exprimé leur satisfaction, l’union et l’harmonie n’ont pas toujours été au rendez-vous de ces deux jours de sommet, que ce soit entre dirigeants africains ou entre Russes et Africains.
Une vingtaine de Chefs d’Etat et de gouvernement africains ont pris part à la deuxième édition du sommet Russie-Afrique qui s’est ouvert jeudi 27 juillet à Saint-Pétersbourg et qui a connu son épilogue vendredi. A l’issue de la rencontre, une déclaration commune a été adoptée, prévoyant une coopération accrue dans les domaines de l’approvisionnement alimentaire, l’énergie et l’aide au développement.
Selon le texte publié sur le site du Kremlin, la présente déclaration appelle à « créer un ordre mondial multipolaire plus juste, équilibré et durable, s’opposant fermement à toute forme de confrontation internationale sur le continent africain ». Il a également été prévu que Moscou aidera les pays africains à « obtenir réparation pour les dégâts économiques et humanitaires causés par les politiques coloniales » occidentales, y compris « la restitution des biens culturels » pillés.
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Des propos forts du Capitaine Ibrahim Traoré
Au cours de la dernière journée du Sommet Russie-Afrique, le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transtion au Burkina Faso a tenu des propos forts à l’encontre de la France et de la CEDEAO sans les nommer explicitement. En effet, rendant grâce à Dieu pour la réunion dans un premier temps, il a soulevé des questions pressantes et délicates concernant l’avenir de l’Afrique et la place qu’elle occupe sur la scène internationale. Le dirigeant burkinabè a par ailleurs, remis en question l’incongruité apparente entre les richesses naturelles abondantes de l’Afrique et la pauvreté omniprésente sur le continent. Il a exprimé sa frustration face à la situation où les dirigeants africains sont obligés de voyager à travers le monde pour “mendier” sur la scène internationale malgré l’abondance de ressources sur leur sol natal. Cette contradiction, selon lui, exige de nouvelles relations et un avenir meilleur pour le peuple africain.
Ibrahim Traoré s’est adressé frontalement à la vingtaine de chefs d’État et de gouvernement réunis autour de Vladimir Poutine : « Je m’en vais m’excuser auprès des anciens que je pourrais vexer dans mes propos à venir. Les questions que nos générations se posent sont les suivantes : il s’agit de comprendre comment, avec tant de richesses sur notre sol, l’Afrique est aujourd’hui le continent le plus pauvre. Et comment se fait-il que nos chefs d’État traversent le monde à mendier ? Il faut que nous, chefs d’État africains, arrêtions de nous comporter en marionnettes qui dansent à chaque fois que les impérialistes tirent sur les ficelles. »
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La réplique de Macky Sall
En réponse à ses propos du président de la transition au Burkina, le Chef de l’Etat sénégalais n’est pas allé du dos de la cuillère. Dès le début de son intervention, Macky Sall a procédé à ce qu’on pourrait appeler un recadrage. « Pour répondre à notre jeune frère, notre cadet : les chefs d’État ne sont pas venus ici pour mendier. Nous n’allons pas ailleurs pour tendre la main. Nous travaillons pour un partenariat d’égale dignité entre les peuples. C’est le même discours qu’on tient à Dakar, ici à Saint-Pétersbourg, ou à Washington. Et ce combat transcende les générations. »
Des propos qui affichent sans doute, la nature de la relation entre les dirigeants africains,avec ces tensions qui éclatent au grand jour.