Il est décédé à Ouagadougou ce mercredi 7 février 2024, à l’âge de 90 ans, laissant derrière lui une carrière d’enseignant et de fonctionnaire international. Stanislas Spero Adotevi est né en 1934.
Biographie
Ancien élève de l’École Normale Supérieure, Stanislas Spero Adotevi a été professeur de philosophie et d’anthropologie à l’Université Paris VII. Sa thèse de doctorat portait sur l’impact du système colonial sur l’évolution de l’Afrique. En 1963, il a été ministre de l’Information au Bénin, avant d’occuper le poste de ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports de 1965 à 1968. De sa retraite jusqu’à son décès, Stanislas Spero Adetovi a résidé au Burkina Faso, où il a représenté l’UNICEF en 1981, avant d’occuper le poste de conseiller spécial du directeur exécutif de l’UNICEF à New York. Le philosophe anthropologue est devenu directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre en 1987.
Bibliographie
Son œuvre la plus connue reste Négritude et Négrologues, un pamphlet publié en 1972 et réédité en 1998 avec une préface d’Henri Lopes (décédé le 2 novembre 2023 à l’âge de 86 ans). À travers cet ouvrage, il critiquait certaines idées de l’écrivain, poète et président sénégalais Léopold Sedar Senghor. En témoignent les extraits suivants :
«Le nègre qui prend conscience de sa race est un bon nègre, mais s’il perd la mémoire de notre chute, s’il s’oublie, s’il s’évanouit dans une extase mystique, s’il voit nègre quand il faut voir juste, il se perd, il perd le nègre en perdant la vue».
«En ressassant le passé, en attisant une sensibilité morbide, le poète-Président ou plutôt le Président-poète vise à faire oublier le présent. La négritude d’aujourd’hui, la négritude des discours, n’est rien moins qu’une pure et plate propagande, une panacée aux problèmes de gouvernement. La très bizarre formule senghorienne de division raciale du travail intellectuel (l’émotion est nègre comme la raison est hellène), vise uniquement à perpétuer un régime considéré comme néo-colonialiste et dont il est Président ; La négritude doit être le soporifique du nègre. C’est l’opium. C’est la drogue qui permettra à l’heure des grands partages d’avoir de bons nègres».
Il a également écrit De Gaulle et les Africains, publié par les Éditions Chaka en décembre 1990.