Le décès du pape François, survenu le lundi de Pâques 2025, a provoqué une onde de choc dans le monde catholique. Apprécié pour son humilité, sa proximité avec les plus pauvres et son regard critique sur les dérives de l’institution, le souverain pontife laisse derrière lui une Église à la croisée des chemins. Alors que s’ouvre le temps du deuil, une question revient avec insistance : l’heure est-elle venue pour l’Église catholique d’élire, pour la première fois de son histoire, un pape africain ?
Le Vatican a annoncé officiellement le décès du pape François à 7h35 le lundi 21 avril 2025. Victime d’un accident vasculaire cérébral, le souverain pontife est mort au lendemain de sa dernière bénédiction « Urbi et Orbi », délivrée avec une dignité remarquable malgré son affaiblissement. Dans de nombreux pays, les fidèles se sont rassemblés en prière, touchés par le départ de celui qui avait réformé les habitudes du Vatican, bousculé les conservatismes et fait de la simplicité un signe de gouvernance.
Au Bénin comme ailleurs, les réactions ont été nombreuses. La Conférence épiscopale du Bénin, par la voix du père Anicet Gnanvi, a salué la mémoire « d’un homme de foi et d’humilité », un pasteur qui aura marqué son temps.
Un conclave annoncé
Conformément à la tradition, les cardinaux du monde entier se réuniront dans les prochains jours en conclave, à huis clos, dans la chapelle Sixtine, pour élire le successeur de François. Si les règles ne changent pas, seuls les cardinaux âgés de moins de 80 ans peuvent voter, soit 135 électeurs.
Cette élection pontificale revêt une dimension particulière. L’Église catholique, confrontée à la baisse des vocations en Europe et aux tensions internes, voit ses fidèles se multiplier dans le Sud global, notamment en Afrique. Le prochain pape devra tenir compte de cette dynamique démographique et spirituelle.
Des cardinaux africains parmi les papabili
L’Afrique, longtemps en marge du pouvoir romain, voit aujourd’hui certains de ses cardinaux figurer parmi les favoris pour succéder à François. Le premier sur la liste est Peter Turkson (Ghana). Archevêque émérite de Cape Coast, ex-président du Dicastère pour le Développement humain intégral, il est perçu comme un homme de dialogue et de réconciliation. Il a longtemps été considéré comme « papabile » lors des précédents conclaves.
A la suite du Ghanéen, l’on retrouve Fridolin Ambongo (RD Congo). Archevêque de Kinshasa, très engagé dans les questions sociales et la défense de la paix, il est aujourd’hui l’une des voix les plus influentes de l’Église africaine. Son profil rassembleur et prophétique en fait un candidat sérieux. Aussi, retrouve-t-on, Dieudonné Nzapalainga (Centrafrique). Plus jeune cardinal d’Afrique lors de sa nomination, il s’est illustré dans les efforts de paix interreligieuse en Centrafrique. Son charisme et son engagement en faveur du dialogue interconfessionnel sont salués dans de nombreuses chancelleries.
Robert Sarah (Guinée) fait également partie du cercle des papabili africains. Ancien préfet de la Congrégation pour le Culte divin, il est connu pour ses positions conservatrices. Figure respectée mais clivante, son nom revient régulièrement chez les fidèles traditionalistes.
Un pape noir, un symbole fort pour l’Église catholique
L’éventuelle élection d’un pape africain ne serait pas simplement un fait inédit dans l’histoire de l’Église : ce serait aussi un puissant symbole d’inclusion, de reconnaissance et d’ouverture à la pluralité du monde catholique. Aujourd’hui, plus de 250 millions de catholiques vivent en Afrique, et les vocations religieuses y sont en constante évolution.
Mais au-delà de la symbolique, c’est une vision du monde, enracinée dans les réalités sociales, culturelles et spirituelles du continent africain, qui pourrait émerger. Face aux défis contemporains, écologie, migrations, inégalités, l’Afrique a une voix à porter, une expérience de foi vivante à partager.
Toutefois, les équilibres au sein du Collège des cardinaux, les jeux diplomatiques et les traditions bien ancrées du Vatican pourraient freiner cette ouverture. Rien n’est joué, mais les regards sont tournés vers le conclave avec une attente forte.