Au Bénin, l’ex-ministre des affaires étrangères, Aurélien Agbénonci, a passé service hier mercredi 7 juin 2023 à son successeur Olushegun Adjadi Bakari. Dans son discours ponctué par les grandes réalisations dont il s’est d’ailleurs dit «fier», mais aussi et surtout de grandes précisions, il a entre autres, rappelé certaines prérogatives qui relevaient de la discrétion du Chef de l’Etat. Des précisions qui ont déclenché une polémique sur les réseaux sociaux.
Le ministère des affaires étrangères au Bénin a un nouveau patron. Après un long moment d’incertitude entretenu par le gouvernement à travers son Porte-parole qui n’avait, ni infirmé ni confirmé la nouvelle, la nomination du ministre Olushegun Adjadi Bakari intervenue mardi 06 juin 2023, est venue confirmer ce que certains ont appelé “limogeage”, mais que d’autres voient tout simplement comme un “départ voulu” du diplomate. Lors de la cérémonie de passation de service hier mercredi, Aurélien Agbénonci a tenu un discours qui semble être porteur de plusieurs sens.
LIRE AUSSI: Bénin: Patrice Talon nomme un nouveau ministre des affaires étrangères
Dans son discours, le ministre sortant considérant que l’occasion marque « la fin d’un moment particulier », a d’abord, tenu à remercier le Chef de l’Etat pour lui avoir confié la responsabilité de la diplomatie béninoise depuis 2016. « Je tiens ici à lui réitérer ma profonde gratitude pour cette marque de confiance et pour m’avoir ainsi offert l’opportunité de mettre au service de mon pays, le meilleur de mes expériences en matière de diplomatie et de coopération », a-t-il déclaré avant de s’engager dans une série de précisions sur l’origine de gouvernance diplomatique qui a été développée sous son autorité qu’il doit par ailleurs, à celui qui l’a nommé: Patrice Talon.
Car, faut-il le rappeler, c’est lui qui, en vertu de ses prérogatives constitutionnelles, décide des orientations de notre politique extérieure en fonction des enjeux qui lui semblent importants et de ses ressources.
Aurélien Agbénonci
L’homme qui pour rappel, a pris les rênes de la diplomatie béninoise le jeudi 7 avril 2016 et qui aura ainsi conduit la politique diplomatie du pays pendant sept années a voulu profiter de l’occasion pour souligner que les grandes décisions ne relevaient cependant pas de sa discrétion. Aurélien Agbénonci explique par exemple que durant son séjour à la tête de ce département ministériel, il s’est «employé à exécuter ma mission dans une cohésion constamment recherchée avec les autres membres du gouvernement et une cohérence qui est celle même du gouvernement». Sans porter la responsabilité des réformes qui n’ont pas eu un impact positif tant au pays qu’à l’échelle internationale à qui que ce soit, le diplomate laisse toutefois l’histoire juger des actions qu’il a «menées ensemble» avec le gouvernement auquel il appartient.
Se lave-t-il les mains de la catastrophe diplomatique de notre pays depuis 7 ans ?
Guy Dossou Mitokpè
LIRE AUSSI: Bénin: nommé Ambassadeur près le Niger, Gildas Agonkan rencontre Patrice Talon
La polémique sur la toile
Ce pan du discours a retenu l’attention de certains internautes qui y ont vu pour les uns, les effets de la fin du pouvoir et les autres, un malaise entre Aurélien Agbénonci et Patrice Talon. L’ancien député de la septième législature, actuellement membre du parti “Les Démocrates”, Guy Mitokpè s’est entre autres interrogé sur sa page Facebook, sur la charge sémantique de cette séquence du discours du ministre sortant. Selon lui, l’ex-compagnon du Chef de l’Etat au gouvernement «incarne plus ou moins les balbutiements d’un régime qui fonctionne depuis 7 ans comme un navire dont la voile est trouée et dont les boussoles ne fonctionnent plus».
Abordant le discours sous un autre angle, se trouvent d’un autre côté, ceux qui estiment que le discours d’Aurélien Agbénonci révèle un malaise qui l’aurait d’ailleurs poussé à exprimer son désir de partir du gouvernement. Ces derniers indiquent même que l’ex-ministre n’a pas été limogé comme l’ont annoncé les médias, mais qu’il a tout simplement rendu sa démission. Le silence du gouvernement sur le retrait du ministre de l’équipe gouvernementale a du porter caution à tout ceci.