En Tanzanie, plusieurs leaders du parti d’opposition Chadema ont été arrêtés par la police avant une manifestation prévue pour ce lundi. Parmi les personnes arrêtées figurent Tundu Lissu, ancien candidat à la présidence et figure emblématique de l’opposition, ainsi que John Mnyika, secrétaire général de Chadema, et Joseph Mbilinyi, chanteur populaire et ancien candidat à la députation.
Plusieurs opposants arrêtés lors d’une manifestation ce lundi en Tanzanie. Il s’agit de Tundu Lissu et plusieurs autres membres de Chadema. Ces derniers avaient notamment appelé leurs partisans à se rassembler à Mbeya, au sud-ouest du pays, malgré les avertissements des autorités. Les autorités ont interdit l’événement en raison du risque de débordements violents. Selon un responsable de Chadema, les arrestations ont eu lieu après que les autorités ont réitéré leur interdiction de la manifestation.
Le parti d’opposition a dénoncé l’interdiction, soulignant que le samedi précédent, un rassemblement similaire avait été organisé à Zanzibar par le parti au pouvoir, CCM. En plus des leaders arrêtés, environ 500 sympathisants du parti ont également été interpellés par la police alors qu’ils se dirigeaient vers le lieu de rassemblement. Ces jeunes ont été reconduits chez eux sans inculpation, selon John Mrema, directeur de la communication de Chadema.
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Des arrestations fortement condamnées
Freeman Mbowe, chef de Chadema, a fermement condamné les arrestations, appelant à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les membres et sympathisants du parti. « Nous exigeons la libération immédiate et inconditionnelle de tous nos dirigeants, membres et sympathisants », a-t-il déclaré sur X (anciennement Twitter). Mbowe a ajouté que le parti suivrait de près la situation et tiendrait le public informé de chaque développement.
La présidente Samia Suluhu Hassan, qui avait précédemment assoupli certaines restrictions politiques mises en place par son prédécesseur, fait face à des critiques croissantes concernant son approche vis-à-vis de l’opposition. Le parti Chadema espérait que les réformes promises par la présidente permettraient une plus grande liberté politique. Cependant, ces arrestations font craindre une régression, alors que le pays se prépare pour des élections locales en fin d’année et une présidentielle prévue pour 2025.
Tundu Lissu, revenu en Tanzanie en janvier 2023 après plus de cinq ans d’exil, avait précédemment critiqué le gouvernement et contesté l’élection présidentielle de 2020, remportée par l’ancien président John Magufuli. Lissu avait alors reçu des menaces de mort et s’était réfugié avant de quitter le pays. Avec la mort de Magufuli en mars 2021, la présidente Suluhu Hassan avait promis des réformes, mais les récentes arrestations ont ravivé les inquiétudes quant à l’ouverture politique en Tanzanie.