Tchad : Idris Youssouf Boy, victime d’un règlement de comptes politique ?

Paul Danongbe
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Mahamat Idriss Déby et Idris Youssouf Boy

Derrière la condamnation officielle pour corruption d’Idris Youssouf Boy, ex-directeur de cabinet du président tchadien Mahamat Idriss Déby, se cache une affaire bien plus complexe qu’un simple dossier judiciaire. Sa mise à l’écart brutale traduit à la fois une recomposition du pouvoir à N’Djamena et des pressions diplomatiques croissantes autour de la gestion opaque des aides internationales.

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Cinq ans de prison pour Idris Youssouf Boy, ex-collaborateur influent du président Mahamat Idriss Déby. Le 9 mai, l’ancien ministre a été condamné à cinq ans de prison ferme et à un million de francs CFA d’amende, en même temps que son accusateur, Hachim Bouder, un ancien maire et entrepreneur proche du pouvoir. Officiellement, les deux hommes ont été reconnus coupables de corruption liée à l’attribution de marchés publics. Mais selon plusieurs sources proches du dossier, cette sanction reflète davantage des enjeux de pouvoir que la seule volonté de lutter contre la corruption.

Youssouf Boy n’était pas seulement un collaborateur du président : il était l’un de ses hommes de confiance les plus redoutés. Son influence dans les cercles décisionnels, renforcée par son accès direct aux dossiers sensibles, lui avait valu autant de loyautés que d’inimitiés. Sa chute, aussi soudaine que spectaculaire, intervient dans un contexte de tensions internes croissantes au sein du régime.

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Selon des sources politiques tchadiennes, le président Mahamat Idriss Déby faisait face à un mécontentement grandissant de plusieurs factions du pouvoir, excédées par le blocage de nombreux projets d’infrastructure et l’opacité entourant leur financement. Des milliards de francs CFA auraient été débloqués sans que les travaux ne voient le jour, notamment dans la province de l’Ennedi, berceau familial des Déby.

Une pression venue d’Abou Dhabi

Mais l’élément déclencheur de la disgrâce de Youssouf Boy ne serait pas purement interne. Plusieurs sources diplomatiques indiquent que les Émirats arabes unis, partenaires financiers majeurs du Tchad ces dernières années, auraient découvert que des fonds octroyés dans le cadre de programmes d’aide avaient été détournés. L’implication de Youssouf Boy aurait été signalée directement au sommet de l’État, avec une demande claire : des sanctions.

Face à ces pressions, Mahamat Idriss Déby aurait été contraint de trancher. Protéger son ancien bras droit aurait risqué de compromettre des relations stratégiques et des financements cruciaux. Il aurait alors choisi de « sacrifier » celui dont il avait pourtant déjà couvert les dérives en 2022, allant jusqu’à lui accorder une seconde chance après une première incartade financière.

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Le président tchadien ne cachait d’ailleurs pas son agacement. Dans son autobiographie De Bédouin à président, parue en 2024, il évoquait ouvertement les dérives de certains de ses proches, sans les nommer, mais en laissant entendre qu’il ne tolérerait pas une récidive. Le message, adressé à peine voilé à Youssouf Boy, résonne aujourd’hui comme une annonce de ce qui allait suivre.

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