Après des mois de détention controversée à Koro Toro, 24 militants du Parti socialiste sans frontières (PSF) ont été libérés ce jeudi 19 décembre. Bien que saluée, cette libération n’apaise pas les tensions entre le pouvoir tchadien et le PSF, qui continue de dénoncer les intimidations visant ses membres.
La libération de 24 militants du Parti socialiste sans frontières acte une avancée dans une affaire qui a ébranlé la scène politique tchadienne. Ces militants avaient été arrêtés à la suite des évènements tragiques de fin février, marqués par l’assaut contre le siège du PSF et la mort controversée de son leader, Yaya Dillo. Les autorités avaient évoqué un échange de tirs, tandis que le parti maintient qu’il s’agit d’un « assassinat politique ».
Ces militants, pour la plupart membres de la famille élargie de Yaya Dillo, avaient été transférés à la prison de Koro Toro, un établissement situé en plein désert et décrié pour ses conditions inhumaines. Selon un cadre du PSF, les détenus, bien que désormais libres, restent « très affaiblis » physiquement et moralement.
Un processus judiciaire entaché de zones d’ombre
Le chemin vers leur libération a été long et semé d’embûches. En juillet, un procès tenu sur place à Koro Toro avait vu 15 militants acquittés, tandis que quatre autres étaient condamnés à dix ans de prison ferme. Cependant, les acquittés n’ont été libérés qu’en décembre, alimentant les critiques sur l’acharnement judiciaire et les lenteurs administratives.
Pour le PSF, ces libérations interviennent dans un contexte où le président Mahamat Idriss Déby prépare une cérémonie célébrant son élévation au rang de Maréchal du Tchad, prévue ce 21 décembre. Une coïncidence qui soulève des interrogations sur la portée réelle de ce geste, perçu par certains comme un acte de décrispation politique.
Les intimidations perdurent
Malgré ces libérations, le PSF continue de dénoncer les intimidations visant ses cadres. Robert Gam, secrétaire général du parti, reste détenu au secret par les services de renseignement depuis septembre. Le chargé de communication, Evariste Gabnon, vit caché après une tentative d’enlèvement, survenue peu après son annonce du boycott des législatives du 27 décembre.
Par ailleurs, le PSF accuse le pouvoir d’utiliser frauduleusement son logo et son nom dans des manœuvres électorales. Une situation qui, selon le parti, reflète une stratégie de harcèlement pour affaiblir l’opposition.