Au Tchad, le Groupe de concertation des acteurs politiques (Gcap), principale coalition de l’opposition, a annoncé vendredi 31 octobre 2025 la suspension de toutes ses activités. Ses membres ont scellé les portes de leurs sièges à N’Djamena, affichant une banderole frappante : « Mort de la démocratie ».
Au Tchad, l’opposition déplore la « mort de la démocratie » et quitte la politique
Peut-on encore parler de démocratie au Tchad ? La réponse semble bien négative d’après les forces politiques réunies au sein de l’opposition au pouvoir du président Mahamat Idriss Déby. En effet, par une déclaration conjointe, ils ont annoncé vendredi leur retrait de la scène politique tchadienne. Selon eux, depuis la mort d’Idriss Déby Itno en 2021, et la prise du pouvoir par son fils, le groupe Gcap avait choisi la voie du boycott, en refusant de participer aux différents processus électoraux organisés dans le cadre de la transition.
« Depuis 2023, le pouvoir en place, pour préparer la confiscation du pouvoir, a pris quatre ordonnances qui ferment totalement l’espace politique et démocratique, qui compriment les libertés publiques et politiques, regrette Max Kemkoy, Porte-parole du Gcap et président du parti UDP, cité par RFI. Pour lui, « l’Indépendance de la justice est compromise, l’indépendance du pouvoir exécutif est compromise et l’indépendance des autres pouvoirs est compromise. Donc avec tout cela mis ensemble, nous ne pouvons plus continuer à être cet arbre qui cache cette forêt », ajoute-il.
Le contrepied du gouvernement
Du côté du gouvernement, la décision suscite à la fois regret et incompréhension. « Le Tchad est un pays démocratique. Il y a des institutions qui fonctionnent dans lesquelles l’opposition est représentée », a réagi Gassim Cherif, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Il a toutefois minimisé la portée de ce départ, estimant que « le Gcap n’est pas représentatif de l’opposition tchadienne ».
Malgré ce retrait, le collectif affirme ne pas renoncer à son combat. Le Gcap compte poursuivre sa « lutte politique » sous d’autres formes, notamment à travers des actions citoyennes et pacifiques.
Pour de nombreux observateurs, cette décision traduit le désenchantement croissant d’une partie de la classe politique tchadienne face à un processus de transition jugé verrouillé. Si le Gcap tourne la page de son engagement institutionnel, sa sortie fracassante souligne les tensions persistantes autour de la question démocratique au Tchad. Les prochains s’annoncent alors très sensibles pour le pouvoir de Mahamat Idriss Déby qui a encore visiblement a rassuré ses partenaires sur la pluralité des sensibilités politiques au Tchad.
