Le Bénin s’est réveillé ce lundi sous tension, au lendemain d’une tentative de coup d’État rapidement déjouée. Dimanche matin, un petit groupe de militaires était apparu sur la télévision nationale pour annoncer la destitution du président Patrice Talon, dont le mandat s’achève en avril prochain. Dans la soirée, le président fait une première apparition sur la chaine nationale et rassure ses compatriotes. Que peut-on retenir au lendemain de ses événements ?
24 heures après le coup de force manqué, le Bénin reprend son souffle
Connu pour son exemplarité en matière de démocratie et de respect des fondements constitutionnels, le Bénin a connu une journée noire dimanche 7 décembre 2025. Pendant quelques petites heures, les Béninois avaient cru à une destitution annoncée de Patrice Talon, selon une déclaration lue par des militaires sur Bénin TV.
Il est environ 8 heures, dimanche matin, lorsqu’un groupe de huit militaires prend la parole sur la chaine nationale. Ils annoncent avoir renversé le chef de l’État et proclament le lieutenant-colonel Pascal Tigri comme dirigeant. Dans leur déclaration qui a aussitôt été relayée sur les réseaux sociaux, ils évoquent la « dégradation continue de la situation sécuritaire au nord du pays », dénoncent des « promotions injustes » au sein des forces armées et accusent le pouvoir d’une « remise en cause déguisée des libertés fondamentales ».
Mais très vite, leur entreprise aura aussitôt été neutralisée. D’ailleurs, quelques heures après leur déclaration et le retour du signal de la chaine nationale qui est parti pendant un court moment, Alassane Séïbou, ministre de l’Intérieur a annoncé que la tentative de putsch a été mise en échec. Dans la soirée, Patrice Talon intervient lui-même sur la même chaine pour assurer que la situation est « totalement sous contrôle » et que les institutions fonctionnent normalement. “Cette forfaiture ne restera pas impunie”, a-t-il par ailleurs martelé annonçant ainsi des sanctions à l’encontre des auteurs et de leurs commanditaires.
Soutien de la sous-région, investigations et arrestations en cours
Selon plusieurs sources gouvernementales, Africaho confirme que le Bénin a bénéficié notamment d’un appui décisif du Nigeria et de la France, son voisin de l’Est, pour neutraliser les militaires impliqués. De son côté, la CEDEAO a, dans un communiqué, annoncé l’envoi rapide de troupes régionales afin de soutenir « le gouvernement et l’armée républicaine du Bénin ». Par ces actions, l’institution sous-régionale ouest africaine veut ainsi garantir « la préservation de l’ordre constitutionnel ».
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’est quant à lui dit « profondément préoccupé par la tentative inconstitutionnelle de prise de pouvoir au Bénin ». Il a mis en garde contre une nouvelle menace susceptible de fragiliser davantage la stabilité d’une région déjà secouée par des crises politiques et sécuritaires.
Dans le rang des auteurs des militaires qui par cette tentative, aurait « plonger le Bénin dans une aventure sans lendemains, aux conséquences désastreuses », tel qu’évoqué par Patrice Talon, des arrestations sont en cours et le Lieutenant-Colonel Pascal Tigri, le chef des putschistes serait en fuite. Des sources militaires ont d’ailleurs confirmé à l’AFP l’arrestation d’une douzaine de soldats. Certains seraient directement impliqués dans la planification du putsch, selon une source sécuritaire.
Pour l’heure, le Bénin reprend son souffle et les populations vaquent progressivement à leurs occupations habituelles.
