Terrorisme au Bénin : le large coup de ciseau dans le tissu social

Paul Danongbe
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Les Forces de défense et de sécurité sur le terrain pour la lutte contre le terrorisme au Bénin. @Médias locaux

Le Bénin a été frappé de plein fouet par une double attaque terroriste d’une rare violence le 17 avril dernier, ayant coûté la vie à 54 soldats dans le nord du pays, près des frontières avec le Burkina Faso et le Niger. Revendiqué par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), cet énième assaut est bien la preuve de la menace croissante des groupes djihadistes dans la sous-région et pose de vives questions sur la stratégie sécuritaire du pays. Mais entre détermination gouvernementale et urgence d’une réponse coordonnée, le Bénin semble bien à la croisée des chemins.

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Le Nord du Bénin est-il entrain d’échapper au contrôle des Forces de Défense et de Sécurité ? On peut répondre par la négative sans prendre le risque de se tromper au regard des clarifications apportées par le porte-parole du gouvernement béninois Wilfried Léandre Houngbédji. Alors que les signaux étaient bien au rouge depuis la première attaque terroriste survenue en 2019, le pays dirigé par Patrice Talon, a récemment présenté un bilan officiel de 54 morts après de nouvelles attaques contre deux positions de l’opération militaire antiterroriste Mirador dans la zone frontalière avec le Burkina Faso et le Niger.

Des attaques d’ailleurs revendiquées, comme celle de janvier dernier par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim, son acronyme en arabe) lié à al-Qaïda. En effet, depuis plusieurs années, cette partie du pays subit un acharnement nourri des groupes terroristes, qui – on peut avoir l’audace de le dire –  éprouvent durement les Forces de défense et de sécurité qui restent tout de même déterminées. Dans l’histoire récente des attaques terroristes, cette double attaque est la plus meurtrière. Et les populations de cette partie du pays tout comme des observateurs de l’actualité politique nationale, s’interrogent et s’inquiètent de ce que le Bénin ne se laisse déposséder peu à peu de son nord comme d’autres ses voisins du Sahel.

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Le bilan stabilisé de 54 morts, en dit long sur les intentions des assaillants. Ces hommes de rang ont été visiblement tous victimes d’une même et unique bêtise humaine : l’intolérance doublée de la stupidité d’hommes aveuglés par une soif inextinguible de pouvoir, étanchée dans le sang d’innocentes victimes et dans les larmes d’un peuple. Le Bénin est désormais dans l’œil du cyclone pourrait-on dire avec certaines parties du territoire qui sont devenues plus vulnérables aux attaques de groupes armés non identifiés qui écument le Sahel, principalement le Burkina Faso, le Niger et le Mali.

Les autorités debout malgré tout

54 morts, il s’agit du plus lourd bilan. « Même si ça ne fait pas les 70 et plus que les gens ont annoncé, c’est beaucoup… Les soldats qui sont tombés, ce sont nos enfants, ce sont nos parents, ce sont nos amis », a déclaré Wilfried Léandre Houngbédji porte-parole du gouvernement. Ce qui inquiète, c’est la détermination des terroristes à gagner du terrain. Il urge donc d’identifier les  facteurs pouvant favoriser l’installation ou la percée du terrorisme au Bénin et voir dans quelle mesure y apporter des solutions pour qu’à défaut de l’éradiquer, stopper au moins son expansion. Et là-dessus, le gouvernement n’entend faire aucune concession.  « Nous ne céderons pas. Nous avons une conviction : c’est que tôt ou tard nous arriverons à bout de ces criminels et de leur entreprise mortifère », a insisté le porte-parole du gouvernement.

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Par ailleurs, ces attaques répétées pourraient être, selon des sachants, les conséquences des relations plus ou moins dégradées du Bénin avec ses voisins. La synergie d’actions fait certainement défaut entre ses pays, ce qui profite aux terroristes. « Les points où ces attaques du 17 avril sont intervenues sont sur la ligne frontière, vous pouvez comprendre que si, de l’autre côté de la frontière, il y avait un dispositif au moins comme le nôtre, ces attaques ne se dérouleraient pas de cette façon ou ne se produiraient même pas », a affirmé Wilfried Léandre Houngbédji.

En règle générale, les forces du mal opèrent dans des Etats où les guéguerres politiques et l’acharnement du pouvoir contre les opposants et les organisations de la société civile font rage. Le Bénin n’est visiblement plus à ce stade. On ne saurait cependant occulter les nombreux efforts consentis par le gouvernement pour amener les différentes composantes de la société à la paix et à la cohésion sociale. Il s’impose, maintenant ou jamais, aux autorités béninoises et à l’armée d’élaborer les bonnes stratégies et les tactiques militaires adéquates pour endiguer ce mal qui constitue un large coup de ciseau dans le tissu social au Bénin.

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