Au moins sept personnes ont perdu la vie et plusieurs dizaines ont été blessées lors de manifestations organisées à Lomé entre le 27 et le 29 juin, ont rapporté dimanche des organisations de la société civile togolaise. Les manifestants violemment réprimés par les forces de l’ordre dénoncent le pouvoir de Faure Gnassingbé.
Le Togo est depuis quelques jours le théâtre de scènes de violences rares. En effet, dénonçant le pouvoir en place depuis plusieurs décennies, plusieurs manifestants ont investi les rues de Lomé pour appeler au départ de Faure Gnassingbé, désormais président du Conseil au Togo. En réponse, les forces de l’ordre lourdement armés ont opposé une répression dans plusieurs quartiers de Lomé.
Selon plusieurs organisations de la société civile, les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont provoqué de nombreux morts. David Dosseh, porte-parole du « Front Citoyen Togo Debout », cité par 20 minutes, précise que les corps de sept personnes ont été retrouvés dans des cours d’eau de la capitale. Les organisations de la société civile dénoncent des « exactions commises par des éléments des forces de l’ordre et des miliciens » au cours de ces trois jours de mobilisation. En parallèle, plus de soixante personnes auraient été interpellées, apprend-on.
De leur côté, les autorités togolaises n’ont publié aucun bilan officiel. Une brigade de la gendarmerie citée par de nombreux médias locaux a toutefois évoqué la mort de deux personnes par noyade, sans plus de détails.
Une répression « barbare et inhumaine » selon la société civile
Les rassemblements, organisés à l’appel de collectifs citoyens sur les réseaux sociaux, ont été sévèrement réprimés. À Lomé, les forces de sécurité ont eu recours à des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, parfois regroupés par dizaines dans certains quartiers. Des barricades et des pneus enflammés ont été signalés, et plusieurs commerces sont restés fermés durant les troubles.
Parmi les revendications des manifestants figurent la libération de figures critiques du régime, la hausse du prix de l’électricité, ainsi que la récente réforme constitutionnelle, perçue comme un moyen pour le président Faure Gnassingbé de renforcer son pouvoir.
« Nous ne sommes pas des animaux », a déclaré David Dosseh, porte-parole du Front Citoyen Togo Debout, à l’AFP. Il a dénoncé la brutalité des forces de sécurité et rappelé le droit des citoyens à manifester pacifiquement, garanti par la Constitution togolaise.
Il s’agit du deuxième épisode de contestation ce mois-ci. Les 5 et 6 juin, des manifestations avaient déjà eu lieu à Lomé. Une cinquantaine d’arrestations avait été enregistrée selon les autorités.