Interpellé dans la nuit du 26 mai 2025 à son domicile, interné de force à l’hôpital psychiatrique de Zébé, puis libéré un mois plus tard, le rappeur togolais Aamron est revenu sur les conditions de son arrestation, les traitements subis, et la mobilisation citoyenne. Voix critique du régime de Faure Gnassingbé, il a appelé au respect des droits humains au Togo.
Dans une interview exclusive accordée à France 24, le rappeur engagé Aamron a fait le récit de l’épreuve qu’il a traversée et l’élan populaire qui a suivi son arrestation. Arrêté par une escouade de gendarmes dans la nuit du 26 mai, puis interné à l’hôpital psychiatrique de Zébé contre sa volonté, il a été libéré le 21 juin 2025.
Pendant ce temps, son interpellation a déclenché une vague de manifestations dans tout le pays, réprimées dans la violence. Selon Amnesty International, ces mobilisations ont conduit à de nombreuses arrestations et à des cas de torture. La société civile évoque sept morts, tandis que les autorités parlent de deux cas de noyade.
« Je savais que je prenais un risque. J’étais en mode kamikaze. Mais je ne m’attendais pas à une telle mobilisation », confie Aamron. Il explique avoir voulu être la voix des sans-voix, dans un pays où « beaucoup pensent tout bas ce que j’ai dit tout haut ». Son objectif était de créer un électrochoc pour libérer la parole citoyenne.
Des injections, comprimés et perte de lucidité confie Aamron…
Il décrit également son internement forcé marqué par des injections, comprimés, perte de lucidité, puis adoucissement progressif des traitements. « Oui, j’étais libre en partie. Mais en même temps, non. » C’est à cette période qu’il apprend que sa propre fille risquait d’être placée dans une brigade pour mineurs après avoir publié une vidéo critiquant le chef de l’État. Dans un esprit d’apaisement, il propose alors d’enregistrer une vidéo d’excuses, mais demande à être d’abord libéré pour prévenir d’éventuelles violences.
Malgré cette parenthèse douloureuse, Aamron se dit déterminé à poursuivre le combat, mais par des moyens pacifiques. « On ne peut pas violer les droits humains et demander aux citoyens de se taire éternellement sous la menace ». Il affirme envisager des actions judiciaires pour faire reconnaître les tortures subies par d’autres manifestants après son arrestation.