L’Ukraine a besoin de nouvelles armes pour faire face à une situation militaire « très difficile » dans l’est du pays, a déclaré dimanche soir le président Zelensky. Comment répondre à cette demande sans mettre le doigt dans une escalade avec Moscou, c’est la quadrature du cercle pour les Occidentaux. Depuis le Chili, le chancelier Olaf Scholz a été ferme : pas d’avions de combat pour Kiev et, à Séoul, le patron de l’Otan se fait l’avocat de Kiev.
L’Ukraine a besoin de nouvelles armes et de livraisons plus rapides pour faire face à une situation « très difficile » d’attaques constantes des forces russes dans la région orientale de Donetsk, a déclaré dimanche, dans un message vidéo, le président Zelensky. Bakhmout, Vougledar et d’autres zones de la région de Donetsk subissent « des attaques russes constantes ». « La Russie veut que la guerre s’éternise et épuise nos forces. Nous devons donc faire du temps notre arme. Nous devons accélérer les événements, accélérer les approvisionnements et ouvrir de nouvelles options d’armement pour l’Ukraine. »
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Des F-16 américains
Volodymyr Zelensky réclame des avions de chasse et des missiles de longue portée, autant d’armes que les Occidentaux refusent jusqu’ici de fournir. Si Kiev finissait par obtenir des chasseurs, l’armée de l’air ukrainienne juge que le F-16 de fabrication américaine « pourrait être le meilleur candidat » pour « devenir le seul type » d’appareil polyvalent dans sa flotte. Pourquoi l’Ukraine a-t-elle besoin d’avions et pourquoi son choix se porte-t-il sur les F-16 ?
« La guerre aérienne est dans l’impasse depuis le début du conflit, explique Christophe Noël, chercheur à l’Institut français des relations internationales, au micro de Franck Alexandre. C’est-à-dire que les deux camps sont maîtres de leur ciel, mais simplement au-dessus de leur territoire. Ils n’arrivent pas à porter des coups décisifs chez l’adversaire depuis la troisième dimension [le ciel, NDLR]. Si les Ukrainiens arrivaient à récupérer des F-16, ils espèrent pouvoir faire basculer ce rapport de force pour bombarder le dispositif russe et l’affaiblir encore plus.
L’intérêt des F16, c’est qu’il y en a beaucoup en Europe. « C’est un peu comme les Léopard : en Europe, il y a neuf pays qui disposent de F-16… La Turquie en a par exemple, la Grèce en a, les pays nordiques, la Belgique. C’est un des avions qui équipe beaucoup d’armées de l’air en Europe, un avion qui est performant par ailleurs. Chaque avion de chasse est particulier : il faut s’entrainer dessus, s’entrainer pour savoir le faire fonctionner, il faut savoir le réparer, etc. On estime aujourd’hui, par exemple, que si vous vouliez former des pilotes et des mécaniciens, ça prendrait entre six et huit mois, si jamais ces nouvelles devenaient réalité, on en est loin, donc ça ne serait peut-être pas avant 2024 finalement. »
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Pas d’avions de combat de Berlin
La question des livraisons d’armes à l’Ukraine et la nature de ces armes a aussi été évoquée de Santiago du Chili par le chancelier allemand, actuellement en tournée en Amérique du Sud.
L’Allemagne n’enverra pas d’avions de combat en Ukraine, a affirmé dimanche Olaf Scholz. Après plusieurs semaines d’hésitation, Berlin a décidé la semaine passée d’envoyer en Ukraine quatorze chars Leopard 2 de fabrication allemande et de permettre à d’autres pays européens de fournir des blindés similaires à Kiev. Mais « la question des avions de combat ne se pose même pas. Je ne peux que déconseiller d’entrer dans une guerre d’enchères constante quand il s’agit de systèmes d’armes », a précisé le chancelier dans un entretien avec le journal Tagesspiegel, depuis Santiago.
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toltenberg presse Séoul d’envoyer des armes à l’Ukraine
Confrontée en permanence à la menace nord-coréenne, Séoul a développé une industrie de guerre très efficace et réactive – plus réactive que celle des Européens, souligne un spécialiste, et la Corée du Sud tient une place de plus en plus importante dans le commerce mondial d’armement. En Europe, la Pologne est son principal client, Varsovie vient d’ailleurs de passer commande à Séoul de 50 avions de combat et plus d’un millier de chars, ainsi que d’autres armes.
Mais le temps presse pour l’Ukraine, plaide le secrétaire général de l’Otan qui invite la Corée du Sud à envoyer directement des armes à Kiev, et donc à revenir, au nom de la démocratie, sur la politique qui lui interdit de fournir des États en conflit.
Jens Stoltenberg invoque par ailleurs le danger qu’une victoire de la Russie ferait peser sur la région, en envoyant le signal que l’usage de la force est le bon moyen pour arriver à ses fins… dans une partie du monde où de nombreux différends territoriaux opposent Pékin à ses voisins. Le chef de l’Otan précise que la Chine n’est pas un adversaire de l’organisation tout en alertant sur les risques d’une dépendance de ses membres vis-à-vis de Pékin.
Avec RFI