L’arrestation de l’ancien directeur général de la police nationale, Philippe Houndégnon, mercredi 13 novembre 2024, a ravivé les souvenirs de l’interpellation de l’homme d’affaires Sefou Fagbohoun en 2006. Mis à la retraite forcée récemment, Houndégnon a été arrêté à son domicile à Abomey-Calavi, une situation qui rappelle à Me Bastien Salami, homme de droit et acteur politique, les circonstances similaires dans lesquelles, l’officier de police avait lui-même conduit l’arrestation de Fagbohoun, alors président du parti politique Mouvement africain pour la démocratie et le progrès (MADEP).
Très actif ces derniers mois dans les médias, Louis Philippe Houndégnon est depuis le vendredi 15 novembre dernier dans les liens d’une détention provisoire. L’ancien directeur général de la police nationale, fait notamment face à des accusations d’« incitation à la rébellion » et de « harcèlement par voie électronique ». Mais contrairement à un courant de pensées qui dénonce les conditions de son arrestation, Me Bastien Salami semble bien en prendre le contre pied et plonge les Béninois dans les souvenirs d’une arrestation que le mis en cause a conduite en 2006 alors qu’il était encore en service à la police nationale.
En effet, sur l’émission Zone Franche sur la télévision Canal 3 Bénin, dimanche 17 novembre 2024, l’homme de droit a rappelé les circonstances de “l’arrestation musclée” de Sefou Fagbohoun, ancien député à l’assemblée nationale, homme d’affaires béninois et président du parti le MADEP. “On était au domicile de Fagbohoun, un dimanche, le 4 juin 2006, quand il a reçu la visite de personnes étrangères. Fagbohoun est venu me voir m’a dit : Maitre, ils sont venus m’arrêter, ndlr”, a-t-il fait savoir dans un premier temps avant de poursuivre. “Il y avait deux flics, Houndégnon et un autre”, ajoute-t-il. Etant l’avocat de l’homme d’affaires, il confie s’être rapproché de Louis Philippe Houndégnon pour connaitre les motifs qui fondent l’arrestation de l’acteur politique, mais sans avoir une réponse claire.
Les conditions d’arrestation selon la jurisprudence
Selon l’homme de droit qui a exposé la possibilité pour les forces de l’ordre de procéder à une arrestation sans mandat ou toute pièce équivalente, “il y a des dossiers dans lesquels – compte tenu de leur sensibilité – on peut passer outre”. Car, précise Me Bastien Salami “la raison d’Etat exige certaines choses”. Revenant à son récit, il indique avoir demandé explicitement pourquoi Sefou Fagbohoun devrait etre interpellé dans ces conditions. “On m’a dit de venir l’arrêter”, avait par ailleurs été la réponse de Louis Philippe Houndégnon à l’époque.
L’homme de droit déduit donc que l’ancien directeur général de la police nationale ne devrait pas méconnaitre cette procédure qui selon lui, est bien légale. Selon lui, les deux arrestations partagent curieusement une même méthode : l’intervention musclée des forces de l’ordre au domicile des intéressés. “Il ne devrait pas être surpris. Il ne peut pas être étonné. Il ne peut pas se plaindre de la violation d’un droit parce que c’est la même jurisprudence qui a été appliquée à Fagbohoun qui lui a été appliquée”, relève Me Bastien Salami.
La liberté d’expression sous Patrice Talon
Pour Me Bastien Salami, la liberté d’expression partout dans le monde, a aussi des corolaires. “Il n’y a pas de liberté sans responsabilité”, va-t-il d’ailleurs marteler. L’avocat souligne que ce n’est parce que vous êtes libre de parler que vous allez vous permettre de dire tout ce que vous voulez dire n’importe quoi et n’importe comment. “Est-ce que dans une République, on peut permettre aux gens de dire ce qu’ils veulent sans en répondre lorsque ce que vous faites, fait grief à quelqu’un ?”, s’est-il ensuite interrogé.
Selon lui, la démocratie quelque soit sa casquette, doit être encadrée et accompagnée d’une vision claire de développement et de progrès social. Et c’est ce que le régime de Patrice Talon fait, va-t-il conclure.