Depuis l’annonce des élections récentes, les partis politiques ont intensifié leurs efforts pour sécuriser ces positions clés, essentielles à la formulation des politiques publiques et à la coordination des actions gouvernementales. Les ministres conseillers, comme l’a récemment martelé Patrice Talon devant les sept sages de la Cour constitutionnelle, contribueront à renforcer l’efficacité de sa gouvernance.
Les décrets numérotés 2024-006 et 2024-007 et émis par le président béninois le 9 janvier 2024, définissent non seulement la création et les attributions du collège des ministres conseillers mais également les secteurs spécifiques dans lesquels ils interviendront. Cette nouvelle structure vise à renforcer l’efficacité de la présidence en consolidant l’expertise sectorielle et en facilitant une meilleure coordination des politiques publiques, a-ton déduit des différentes clarifications données par l’exécutif. Mais qui des acteurs des partis Union Progressite le Renouveau, Bloc Républicain, Moele-Bénin ou encore Renaissance Nationale, sont-ils qualifiés pour occuper ces différents postes qui sont en attente d’être pourvus ?
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La sérénité chez les uns, l’espoir chez les autres
Selon des sources proches du pouvoir consultées par Africaho, les négociations en coulisses sont vives, alimentées par des alliances changeantes et des tractations complexes visant à garantir une représentation équilibrée au sein du gouvernement. Plusieurs noms ont d’ailleurs été retenus par les grandes instances des différents partis et déjà envoyés au Chef de l’Etat qui aura le dernier mot, a-t-on appris de sources concordantes. Cependant, les rivalités personnelles et les ambitions politiques exacerbent cette course qui semble bien féroce. Sans doute, chaque camp cherche à maximiser son influence et à défendre ses intérêts particuliers.
“La course aux ministres conseillers est une étape pour consolider notre position de première formation politique et de garantir une voix forte dans les décisions gouvernementales”, a d’ailleurs déclaré un cadre influent de l’UP le Renouveau. “Le président Patrice Talon est un homme de précision et de vision. Il sait déjà de qui il a besoin à telle ou telle autre place. Nous autres, restons confiants qu’il saura faire les choix pertinents en ce qui concerne notre parti”, pense un acteur du Bloc Républicain. “C’est aussi une occasion de récompenser loyauté et engagement envers notre parti qui pratiquement, n’a pas vraiment eu droit au chapitre depuis 2016”, a confié à Africaho, un cadre de l’une des deux formations politiques n’ayant ni maire ni député, mais soutien du pouvoir Talon.
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Des nominations dans un contexte de fin de pouvoir
Si ces nominations portent en elles, une relative carte d’apaisement et d’espoir pour les principaux soutiens qui, jusque-là n’ont pas eu la chance d’être associés à la gouvernance, il n’en demeure pas moins qu’elles interviennent dans un contexte où la succession de Patrice Talon fait débat au sein de l’opinion et même dans son camp. En dehors des recours formulés ça et là pour tenter d’obtenir de la Cour constitutionnelle, la non conformité de la création de ce collège de ministres conseillers vis-à-vis de la constitution, c’est bien pour certains une réponse favorable du président béninois face à la pression croissante des soutiens se considérant comme les “laissés pour compte”.
Les observateurs politiques quant à eux estiment que les choix finaux pour les ministres conseillers pourraient refléter les stratégies de coalition formées après les élections, influençant ainsi la direction future des politiques nationales devant conduire à la fin du second et dernier mandat constitutionnel de Patrice Talon.
Alors que les souffles sont retenus notamment dans les formations politiques en attendant que la liste des ministres conseillers ne soit rendue publique, les Béninois dans leur ensemble attendent avec impatience de voir comment ces nominations influenceront les politiques de gouvernance déjà en cours. De retour d’une tournée dédiée à la reddition de comptes, le gouvernement est encore bien attendu sur la question du “hautement social” promis par Patrice Talon lors de sa réélection en 2021. Les ministres conseillers eux aussi, sont bien attendus pour y apporter leur partition.