Mais qui est Olivier Boko ? Parlons-en avant toute effusion ! Né le 2 octobre 1964 à Ouidah, il fit ses cours primaire et secondaire à Cotonou où, mu par la révolution économique en cours à l’époque, il développe déjà en classe de terminale, un goût prononcé pour le monde des affaires. Au milieu des années 1990, le féru du négoce milite au sein de la Jeune Chambre internationale (JCI) du Bénin où très vite, il devient membre du directoire. C’est d’ailleurs dans cette organisation qu’il va croiser plusieurs personnalités sociopolitiques et enrichir son carnet d’adresses.
Dans les années 90, l’homme crée la Société Intercontinentale de Commercialisation et de Négoce (Sicone) et commence à scruter l’environnement des opportunités d’affaires au sommet de l’Etat. Il empoigne donc le marché de la distribution d’intrants où il se heurte d’abord à Patrice Talon au détour de quelques situations conflictuelles avant de tisser ensuite, l’idylle avec ce dernier. Les années qui suivront uniront d’avantage les deux frères siamois qui vont réussir à maintenir la flamme d’une bonne complicité qui n’eut pu être emportée dans les vagues de la série d’affaires dans lesquelles la justice béninoise et celle française vont concomitamment citer leurs noms.
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L’arrimage Talon-Boko
Plaçons-nous entre octobre 2012 et février 2013 et plongeons dans l’histoire politique du Bénin. Une série d’accusations éclabousse Cotonou. L’affaire est digne des meilleurs scénarios de polars. Elle a pour décor le Bénin, et pour intrigue une tentative d’empoisonnement de son président, Thomas Boni Yayi, par l’un de ses anciens soutiens : Patrice Talon. L’Etat béninois dresse contre ce dernier et son éternel associé, un chapelet d’accusations – tentative d’empoisonnement du chef de l’État avec des pilules radioactives, acquisition de drones pour attaquer l’avion présidentiel et recrutement de commandos, vol dans les caisses des douanes de 12 milliards de F CFA (environ 18,3 millions d’euros) -, sans qu’aucune n’ait entraîné une condamnation. Le premier chef d’accusation retient tout particulièrement l’attention des béninois qui, sous le choc, se noient presque dans un bain de questionnements : un complot, certes, mais contre qui ? Orchestré par qui ? L’affaire, pour le moins romanesque, possède tous les ingrédients d’une intrigue policière à rebondissements. La suite, vous le savez tous.
Une éléphantesque bataille judiciaire va alors s’ouvrir entre les accusés et leurs complices satellitaires, et les justices béninoise, et française. En juin 2014, la République du Bénin décide de se porter partie civile dans le cadre d’une procédure pour tentative d’assassinat et association de malfaiteurs par la justice française contre Patrice Talon et ses “supposés complices”. Mais avant, l’homme considéré comme le cerveau du “psychodrame” eut déjà quitté le sol béninois précisément le 19 septembre 2012 pour s’exiler en France. Olivier Boko lui emboîta les pas et les deux y passèrent pratiquement un exil de trois ans avant de bénéficier le 14 mai 2014 “du pardon national” de Boni Yayi, porté victime dans les deux affaires. Inutile de rappeler, ni le non-lieu du juge Angelo Houssou à Cotonou ni le verdict de la chambre d’instruction de la Cour d’Appel de Paris. Là encore, vous le savez.
Le 10 août 2015 – le soir d’un lundi – Olivier Boko revient seul au bercail, accueilli par une immense foule à l’Aéroport international Bernandin Gantin de Cotonou. Et sur le parking de l’aérodrome, l’attendaient avocats, acteurs politiques, membres de la société civile, etc. le cocktail était bien conçu pour revigorer l’homme apparu ce soir-là en costume bleu ciel bien coupé, cravate rouge, et sous une chemine presque immaculée. Ses premiers mots furent empreints de joie et de soulagement. “Je voudrais témoigner ici toute ma reconnaissance au peuple béninois. Je voudrais aussi dire que je suis très heureux de me retrouver sur la terre de mes ancêtres et que Dieu bénisse le Bénin”, avait-il confié à sa descente d’avion quelque peu retardée cette nuit-là par un interrogatoire musclé auquel il aura été soumis pendant plus de deux heures par les forces de l’ordre. Pourquoi était-il revenu seul et pas avec Patrice Talon ce jour là? Analysons !