Censure contre des médias en Guinée : un journaliste placé sous mandat de dépôt

Mohamed Fousso
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Sékou Jamal Pendessa est poursuivi par la justice guinéenne pour « participation à une manifestation non autorisée et trouble à l’ordre public ». Le Secrétaire général du SPPG a fait l’objet ce lundi d’une audition qui a duré près de deux heures au tribunal de première instance de Dixinn, à Conakry. Il avait été interpelé jeudi 18 janvier lors des manifestations du syndicat « pour libérer les médias et réseaux sociaux ».

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Lors de l’audition, un fait particulier suscitant des doutes au sein de la presse s’est produit. En effet, le ministre de la Justice Charles Wright est arrivé en grande pompe au tribunal selon lui en inspection. Il a été accueilli à sa descente de la voiture par les nombreux journalistes qui attendaient aux abords du tribunal par des slogans demandant sa libération. Ces derniers scandaient de vifs slogans à son égard : “libérez, libérez”.

Des propos auxquels, l’autorité ministérielle n’a pas manqué de réagir. « Personne ne peut prétendre mettre la pression sur la justice pour qu’elle fasse ce que vous estimez faire, ce n’est pas possible. Au moment où le juge est en train d’examiner son cas, on brandit “libérez, libérez”, c’est normal que vous souteniez votre camarade, je le soutiens autant que vous ! », a-t-il par ailleurs, lancé à l’endroit de la presse.

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Le ministre sous les feux des accusations

Selon les membres du SGGP présents aux alentours du tribunal, cette descente au moment où Sékou Jamal Pendessa est en audition est suspecte. D’ailleurs, un journaliste, membre du bureau du syndicat de la presse professionnelle de Guinée, soupçonne le ministre Charles Wrigth d’avoir influencé la décision du magistrat instructeur. « En pleine audition, nous constatons que le ministre de la Justice fait son entrée, influence le parquet par ce que c’est ce qu’on peut dire et la suite, c’est le placement en détention provisoire », dénonce Ibrahima Kalil Camara.

Une décision qui ne surprend pas son avocat

De son côté, Maître Salifou Beavogui, avocat du journaliste syndicaliste, estime que « c’est un nouvel innocent que l’on met en prison ». « Monsieur Sékou Jamal Pendessa et ses camarades étaient à la Maison de la presse. Ils ne sont pas sortis dans la rue, ils n’ont empêché personne de circuler. C’est là où ils ont été encerclés, d’ailleurs séquestrés, pendant plusieurs heures avant d’être libérés. Donc, il n’y a aucune infraction. Finalement, on s’est rabattu sur les réseaux sociaux. Les déclarations de principe qu’il a eues à faire ont été prises comme des délits à poursuivre, ce qui est inacceptable en droit », précise-t-il.

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« Je suis un peu habitué à ce genre de dossiers, quand le juge ne veut prendre aucun risque dans un dossier, quand il ne veut pas se mouiller, il se débarrasse, confie Me Salifou Béavogui. Ils sont incompétents aujourd’hui, mais, peut-être que demain, ils seront compétents », a poursuivi l’avocat, indiquant qu’il n’est pas du tout surpris par la décision du tribunal de conduire son client en prison.

Par ailleurs, la procédure est en flagrant délit, le procès du responsable syndical devrait se tenir dans les prochains jours. En attendant la suite de la procédure, Sékou Pendessa a passé sa première nuit en prison.

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