Le XIX Sommet de la Francophonie tenu les 4 et 5 octobre en France, a été plombé par les tensions entre la RDC et le Rwanda. Entre échanges glacials, silence gênant de Macron sur la guerre au Nord-Kivu, et le départ furieux de Félix Tshisekedi, l’événement a pris des allures de champ de bataille politique qui a révélé les fractures profondes entre les deux nations africaines.
Le conflit opposant la République Démocratique du Congo (RDC) au Rwanda a créé une atmosphère électrique lors du Sommet de la Francophonie, tenu à Villers-Cotterêts, au nord de Paris. La rencontre, qui devait célébrer les valeurs francophones, a pris un tournant glacial vendredi 04 octobre, lorsque les présidents Félix Tshisekedi de la RDC et Paul Kagame du Rwanda se sont ignorés durant tout le sommet, sans échanger le moindre mot. Mais le point culminant de la tension est survenu lors du discours du président français Emmanuel Macron. Ce dernier n’a pas abordé la crise du Nord-Kivu dans son analyse des conflits militaires mondiaux, une omission perçue comme un camouflet par Kinshasa.
Mécontent de cet « oubli », le président congolais Félix Tshisekedi a brusquement quitté le sommet, exprimant ainsi son désaccord face au silence français sur une situation qui continue de déstabiliser son pays. Pendant ce temps, Paul Kagame est resté, défendant la position de Kigali, qui accuse la RDC de collaborer avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), une milice impliquée dans le génocide des Tutsis en 1994.
Des accusations contre l’OIF
La situation est d’autant plus complexe que la Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo, ancienne ministre rwandaise des Affaires étrangères, est accusée par Kinshasa de favoriser Kigali depuis la résurgence du M23 en 2021. Une méfiance persistante qui continue de miner les relations au sein de l’OIF, brouillant les efforts pour trouver une issue diplomatique au conflit.
Le sommet, loin de réaffirmer l’unité francophone, a exposé au grand jour les dissensions profondes entre certains de ses membres, laissant en suspens les questions de paix et de stabilité dans la région des Grands Lacs.
Pour rappel, la RDC accuse le Rwanda de soutenir le groupe rebelle M23 qui continue de semer le chaos dans la province du Nord-Kivu, dans l’est de la RDC. Des accusations que Kigali a toujours rejeté. Ce conflit, actif depuis 2023, a sapé toute tentative de rapprochement diplomatique entre les deux pays, malgré les missions de bons offices du président angolais João Lourenço et de l’ancien président kényan et médiateur de la communauté Est-Africain dans les pourparlers de paix dans l’est de la RDC.