La tension diplomatique entre Cotonou et Niamey ne cesse de croître jours après jours. Après l’arrestation de cinq de ses ressortissants dont une dirigeante de la société Wapco Niger, les autorités du Niger sont montées au créneau pour dénoncer les multiples violations par le Bénin, des accords relatifs à l’exploitation du pétrole nigérien. Plus encore, elles sont allées loin en accusant le Chef de l’Etat béninois, Patrice Talon, d’agir sous «l’influence des puissances étrangères».
“violations d’accords bilatéraux”
Selon le Colonel-Major Abdramane Amadou, porte-parole du régime militaire nigérien, Patrice Talon, pousse le Niger à la faute à travers de multiples violations d’accords bilatéraux et “d’actions hostiles” affectant le transport du pétrole nigérien. En effet, trois (03) accords fondamentaux reposent sur le transport du pétrole brut nigérien via le territoire béninois.
Ces accords stipulent clairement que le système de transport par pipeline entre les deux pays doit fonctionner sans entrave, même en cas de conflit, souligne le Colonel-Major Amadou. « Le président Patrice Talon multiplie les violations des accords que son pays a souscrits en usant de subterfuges discréditant sa signature, renforçant ainsi les très mauvais préjugés distillés par les ennemis de l’Afrique sur le non-respect des engagements librement pris, » a-t-il déclaré en accusant le successeur de Boni Yayi d’empêcher le bon fonctionnement du pipeline.
Patrice Talon sous l’influence “des puissances étrangères” ?
Dans le communiqué publié ce samedi 08 juin, le CNSP a commenté la déclaration du procureur spécial de la CRIET, Mario Mètonou suggérant des plans d’atteinte à la sécurité de l’Etat béninois, après l’arrestation de plusieurs employés de WAPCO Niger dont Aminou Hadiza Ibra, directrice générale adjointe de WAPCO Niger, et plusieurs inspecteurs et ingénieurs pétroliers.
« les Nigériens et les Chinois se seraient ainsi associés en terre béninoise pour porter atteinte à la sûreté de l’Etat du Bénin en sabotant leurs propres biens! Comme vous pouvez le constater aisément, sous l’instigation de puissances étrangères, le Président Patrice Talon multiplie les provocations dans la droite ligne de ses agissements hostiles à l’encontre de notre pays, le Niger », a déclaré le régime militaire nigérien.
Le CNSP déclare qu’ «à l’évidence, le Président Patrice Talon manœuvre en terrain découvert. Refusant de prendre en compte les impératifs de sécurité nationale du Niger, il ne dit mot des bases abritant des forces françaises subversives de déstabilisation installées au Bénin, le long de notre frontière commune, bases à partir desquelles les vrais terroristes formés et équipés par des puissances étrangères, mènent des raids meurtriers contre nos forces de défense et de Sécurité et nos populations civiles ».
Les mises en garde du Niger au Bénin
Selon le communiqué, « Les chantages, les manœuvres dilatoires et tout récemment le kidnapping suivi de prise d’otage, ne sont en réalité que des pièges usités que le Président Patrice Talon utilise aujourd’hui pour pousser le Niger à la faute et donner ainsi un prétexte à ses commanditaires pour stopper la conquête de la souveraineté et de l’indépendance du Niger et, au-delà, des pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Conquête que les peuples de nos pays sont déterminés à rendre irréversible avec le soutien de tous les peuples épris de paix et de dignité ».
A en croire le le porte-parole du régime militaire nigérien, Niamey entend prendre toutes les dispositions pour obtenir la libération sans conditions de ses citoyens pris en otage, défendre ses droits et préserver ses intérêts vitaux. « De même, la République du Niger et son peuple tiennent pour seul responsable le Président Patrice Talon de toute violation de l’intégrité physique et morale de ses citoyens. Enfin, il revient à la République Populaire de Chine, partenaire stratégique dans l’exploitation du pétrole nigérien, de prendre ses responsabilités en s’engageant clairement dans le respect de toutes les clauses contractuelles », a déclaré le Colonel-Major Abdramane Amadou.