Les tensions entre Niamey et Bruxelles s’intensifient après un désaccord sur la gestion d’une aide humanitaire non sollicitée. Le gouvernement nigérien demande le remplacement de l’ambassadeur Salvador Pinto Da França, rappelé pour consultations par l’Union européenne.
Les relations entre le Niger et l’Union européenne connaissent un nouvel épisode tendu. Dimanche 24 novembre, Niamey a annoncé avoir officiellement demandé le remplacement de l’ambassadeur Salvador Pinto Da França. Cette décision intervient après le rappel de ce dernier par Bruxelles, et concerne un désaccord sur la gestion d’une aide humanitaire de 1,3 million d’euros destinée aux victimes des inondations.
Selon le gouvernement nigérien, cette aide a été octroyée sans sollicitation de sa part. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a dénoncé une distribution opérée « dans une opacité totale » par des ONG, notamment le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le Danish Refugee Council (DRC), et Cooperazione Internazionale (COOPI). Les autorités nigériennes reprochent à l’ambassadeur une gestion « unilatérale » et une répartition jugée « arbitraire » des fonds par région.
Un audit réclamé pour clarifier la gestion
Face à ce qu’il qualifie d’ingérence, le Niger a annoncé le lancement d’un audit sur l’utilisation des fonds et a invité l’Union européenne à faire de même. Les autorités souhaitent ainsi garantir la transparence et établir la destination réelle des sommes octroyées aux ONG impliquées.
Pour l’Union européenne, ces accusations sont infondées. Bruxelles affirme que son aide humanitaire a été fournie selon les principes de « neutralité, impartialité et indépendance » via des agences internationales. Dans une réponse ferme, l’UE a dénoncé toute tentative d’instrumentalisation de l’aide humanitaire à des fins politiques et réitéré son engagement à soutenir la population nigérienne.
Ce différend s’inscrit dans un climat déjà tendu entre Niamey et ses partenaires occidentaux, particulièrement depuis l’arrivée au pouvoir de la junte militaire. L’annonce de l’aide européenne, publiée sur les réseaux sociaux avant d’être communiquée officiellement aux autorités nigériennes, avait déjà semé la discorde. Malgré une convocation de l’ambassadeur le 14 octobre, les autorités nigériennes estiment que les opérations litigieuses se sont poursuivies.