Au Nigeria, dix-huit personnalités de la société civile ont publié dimanche 27 avril 2025, une lettre ouverte accusant le président Bola Tinubu de vouloir instaurer un système de parti unique. En toile de fond : une vague de ralliements à l’All Progressives Congress (APC), le parti au pouvoir, dans un contexte de pressions politiques présumées.
Bola Tinubu dans le viseur de la société civile nigériane. Ces dernières semaines, le paysage politique a été bouleversé par une série de défections au sein du principal parti d’opposition, le Parti démocratique populaire (PDP), rapporte Le Matin d’Algérie. Le dernier en date, cite le média : le gouverneur de l’État de Delta, qui a quitté le PDP pour rejoindre l’APC. Dans l’État voisin de Rivers, c’est un administrateur nommé par Abuja qui est désormais aux commandes, après la déclaration de l’état d’urgence par le président.
Dans une lettre ouverte publiée dimanche, les signataires — sénateurs, universitaires, responsables d’ONG — dénoncent une « entreprise systématique et calculée » visant à démanteler la démocratie nigériane. Ils affirment que le pouvoir utilise la peur, des pressions institutionnelles et des menaces judiciaires pour pousser les élus de l’opposition à rejoindre le camp présidentiel. « Une invitation des services anti-corruption […] suffit généralement à entrainer une capitulation politique », avec pour conséquence une « érosion du pluralisme », écrivent-ils, déplorant une « érosion du pluralisme ».
La réaction de la présidence nigériane
Face à ces accusations, la présidence a réagi par la voix d’un porte-parole, qui a dénoncé une « posture alarmiste ». Il assure que la démocratie nigériane est « forte et vivante », rejetant toute idée de chantage ou de manipulation. Selon lui, si de nombreux responsables du PDP rejoignent aujourd’hui l’APC, c’est en raison de leur adhésion aux réformes portées par Bola Tinubu.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2023, le président Tinubu a su tirer parti des divisions internes de l’opposition. Il a notamment profité des contestations autour de la candidature d’Atiku Abubakar à la présidentielle pour tisser des alliances locales. Cette stratégie a permis au chef de l’État de renforcer son influence dans les États d’Edo, Delta et Rivers.
Le président a également reçu le soutien de figures influentes comme Oweizidei Thomas Ekpemupolo, alias Tompolo, ancien chef du Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (MEND), qui s’est dit favorable à une réélection de Bola Tinubu en 2027.
Pour ses détracteurs, cette montée en puissance s’apparente à une dérive autoritaire ; pour ses partisans, c’est le signe d’un leadership efficace. Mais une chose est certaine : le jeu politique nigérian entre dans une phase de recomposition profonde à l’approche de 2027.