Rééducation neurologique après un AVC : nouvelles approches avec le Dr Richard Houézé

Estelle Vodounnou
Lecture : 9 min
Dr Richard Houézé, Neurologue et spécialiste en neurovasculaire.

L’accident vasculaire cérébral (AVC) constitue l’une des principales causes de handicap à l’échelle mondiale. Pour favoriser la récupération des patients touchés, la rééducation neurologique s’avère très importante. Dans cette interview exclusive, le Dr Richard Houézé, neurologue et spécialiste en neurovasculaire, nous éclaire sur les enjeux de la rééducation post-AVC, explore les approches innovantes et souligne l’importance d’une prise en charge rapide et adaptée.

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Africaho : Dr  Richard Houézé,  pouvez-vous expliquer brièvement ce qu’est un AVC et quels sont les principaux types d’AVC ?

Un AVC, ou accident vasculaire cérébral, est une maladie grave qui affecte la circulation sanguine dans le cerveau, entraînant des lésions cérébrales. Il existe deux types principaux d’AVC. L’AVC ischémique, qui est causé par une obstruction d’une artère cérébrale, souvent due à un caillot de sang.

L’AVC hémorragique, qui se produit lorsque l’un des vaisseaux sanguins dans le cerveau éclate, provoquant une hémorragie. Ce type d’AVC peut être subdivisé en hémorragie méningée et hémorragie intra-parenchymateuse. Les AVC hémorragiques sont souvent plus graves et sont associés à un risque accru de décès, surtout dans le mois suivant l’événement.

Quels sont les facteurs de risque les plus courants qui peuvent conduire à un AVC ?

Les facteurs de risque d’AVC se divisent en deux catégories. La première, ce sont les facteurs non modifiables qui commencent généralement à partir d’un âge supérieur de 55 ans, observés surtout au niveau du sexe masculin. Elle est surtout attirée par les antécédents familiaux d’AVC ou de maladies cardiovasculaires. Les facteurs modifiables incluent  l’hypertension artérielle, le diabète, l’obésité, le tabagisme, un mode de vie sédentaire, et une alimentation déséquilibrée. Il est essentiel de gérer ces facteurs pour réduire le risque d’AVC. Par exemple, en contrôlant l’hypertension et en pratiquant une activité physique régulière, les patients peuvent diminuer leurs chances de subir un AVC.

En quoi consiste la rééducation neurologique après un AVC ?

La rééducation neurologique post-AVC est un processus qui vise à restaurer autant que possible les fonctions altérées du patient. Cela inclut la récupération des capacités motrices, cognitives et fonctionnelles, ainsi qu’une amélioration de la qualité de vie. Les programmes de rééducation sont personnalisés en fonction des besoins individuels du patient et peuvent inclure des exercices physiques, des thérapies cognitives et des activités de la vie quotidienne. L’objectif ultime est d’aider le patient à retrouver son autonomie et à améliorer son intégration sociale.

Dr Richard Houézé, à quel moment commence généralement la rééducation après un AVC, et pourquoi est-il important d’intervenir rapidement ?

La rééducation commence dès que l’état de santé du patient est stabilisé, souvent dès l’hôpital, pour assurer une prise en charge continue. Cette rapidité d’intervention est cruciale, car des études montrent que les patients qui commencent leur rééducation tôt, ont de meilleures chances de récupération. Cela permet de mobiliser rapidement les ressources neurologiques encore disponibles et de favoriser la plasticité cérébrale, qui est la capacité du cerveau à se réorganiser et à compenser les fonctions perdues.

Quelles sont les principales techniques et approches utilisées pour la rééducation des patients ayant subi un AVC ?

La rééducation post-AVC repose sur une multitude de techniques et d’approches. Parmi les principales, on trouve : la rééducation manuelle, qui aide à restaurer la mobilité. Le renforcement musculaire, essentiel pour récupérer la force. La thérapie occupationnelle, qui aide le patient à retrouver son autonomie dans les activités de la vie quotidienne. L’orthophonie, qui est nécessaire pour rééduquer le langage et la déglutition. La stimulation électrophysiologique, qui peut aider à activer certaines zones du cerveau et favoriser la réhabilitation fonctionnelle. Des programmes d’exercices intensifs, qui sont particulièrement efficaces durant les six premiers mois suivant l’AVC.

Comment la rééducation peut-elle aider à récupérer les fonctions motrices, cognitives et langagières perdues ou altérées par l’AVC ?

La rééducation stimule les connexions cérébrales, favorisant la plasticité cérébrale. Cela signifie que le cerveau peut établir de nouvelles connexions neuronales pour compenser celles qui ont été endommagées. Par exemple, un patient qui a perdu l’usage d’un bras peut développer des compétences motrices alternatives en utilisant des techniques spécifiques de réhabilitation. De même, pour les fonctions cognitives et langagières, des exercices ciblés permettent d’améliorer la mémoire, l’attention et la communication.

Quelle est l’importance de la thérapie physique, de l’ergothérapie et de l’orthophonie dans le processus de rééducation ?

Ces trois disciplines sont fondamentales dans le parcours de réhabilitation. La thérapie physique se concentre sur le mouvement et la force, l’ergothérapie aide les patients à s’adapter à leurs environnements et à retrouver leur autonomie, et l’orthophonie s’attache à rétablir les capacités langagières. Ensemble, elles forment un cadre holistique pour le patient, en assurant une réhabilitation globale et efficace.

Dr Richard Houézé, quel rôle joue la motivation du patient dans le succès de la rééducation neurologique ?

La motivation du patient est un facteur déterminant dans le succès de la rééducation. Un patient engagé dans son processus de réhabilitation a de meilleures chances d’obtenir des résultats significatifs. De plus, la motivation aide à surmonter les défis psychologiques, tels que l’anxiété et la dépression, qui peuvent freiner la récupération. Encourager les patients à fixer des objectifs personnels et à rester impliqués dans leur rééducation peut transformer leur expérience de réhabilitation.

Comment les proches peuvent-ils soutenir efficacement un patient en rééducation après un AVC ?

Le soutien des proches est crucial pour le succès de la rééducation. Cela inclut un soutien psychologique, social et, souvent, financier. La famille doit jouer un rôle actif en encourageant le patient, en l’accompagnant aux séances de réhabilitation et en participant aux exercices à domicile. De plus, le soutien émotionnel crée un environnement rassurant qui facilite la réhabilitation.

Les séquelles de l’AVC peuvent-elles être entièrement réversibles ?

Il est possible que les séquelles d’un AVC soient partiellement ou totalement réversibles, en particulier dans le cas des AVC ischémiques, si la prise en charge est rapide et appropriée. Cependant, il est courant qu’un handicap résiduel persiste. La clé de la réhabilitation réside dans la mise en place d’un programme de rééducation précoce et intensif, surtout durant les premiers mois suivant l’AVC.

Dr Richard Houézé, quelles sont donc les conditions ?

Pour optimiser les résultats, il est conseillé d’effectuer au moins deux séances de rééducation par jour, ou au minimum une séance par jour, dans les premiers mois suivant l’accident. Une approche intensive permet de stimuler efficacement les capacités motrices et cognitives et d’améliorer la qualité de vie globale du patient.

Quels conseils donnez-vous aux patients pour réduire les risques de récidive ?

Pour prévenir les récidives d’AVC, il est essentiel de gérer les facteurs de risque modifiables. Les patients doivent s’efforcer de maintenir une pression artérielle normale, de gérer le diabète, de pratiquer régulièrement des activités physiques et de maintenir un poids santé. Une alimentation équilibrée, riche en fruits, légumes et oméga-3, est également cruciale. En adoptant ces habitudes saines, on peut considérablement réduire les risques de récidive.

La réhabilitation neurologique suite à un accident vasculaire cérébral est une démarche complexe et essentielle qui requiert une intervention pluridisciplinaire. L’implication du patient, l’appui de ses proches et les avancées en matière de réhabilitation permettent d’optimiser considérablement la qualité de vie des individus victimes d’un accident vasculaire cérébral.

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