Moustapha Diakhaté, leader du mouvement « Aar Domi Sénégal – Mouvement pour la République et la Démocratie » et ancien président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yaakaar, a passé sa deuxième nuit en garde à vue. L’homme politique sénégalais a été interpellé le vendredi 22 novembre après avoir été entendu par la division de la cybercriminalité.
Les déboires de Moustapha Diakhaté s’accentuent au Sénégal. L’opposant est en garde à vue depuis vendredi. En cause, des propos tenus lors d’une émission télévisée sur la chaîne privée 7TV , où il avait en effet, qualifié les Sénégalais de « peuple maudit » pour avoir élu Bassirou Diomaye Faye comme président.
Ces déclarations, diffusées via un média public, sont poursuivies sous l’accusation d’« insultes par le biais d’un système informatique envers un groupe se caractérisant par son origine nationale ». Cette affaire suscite un débat intense au Sénégal, notamment sur la question de la liberté d’expression.
Amnesty International appelle à la libération
Interrogé par RFI , Seydi Gassama, directeur exécutif de la section d’Amnesty International au Sénégal, a déclaré cette interpellation comme une nouvelle atteinte à la liberté d’expression. « La raison pour laquelle on mettrait quelqu’un en prison parce que cette fois, il a tenu des propositions qui visent tous les Sénégalais – même si moralement ce sont des propositions qui ne sont pas acceptées dans la société sénégalaise, ni dans n’importe quelle société – ce n’est pas une raison pour que l’on puisse arrêter quelqu’un et qu’on le mette en prison », a-t-il affirmé, tout en demandant la libération immédiate de Moustapha Diakhaté.
Seydi Gassama a également évoqué l’utilisation des lois anciennes, datant des années 60 et 70, pour réprimer la parole publique. « Ces lois, enjeux d’une époque marquée par le parti unique et les médias d’État, sont devenues totalement inadaptées à une société démocratique moderne comme celle du Sénégal d’aujourd’hui », at-il expliqué.
Le débat sur la liberté d’expression relatif
L’affaire Moustapha Diakhaté relance le débat sur les limites de la liberté d’expression au Sénégal, un pays souvent présenté comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest. Les critiques dénoncent l’utilisation récurrente de lois pour museler les opinions dissidentes, alors que les défenseurs de ces mesures estiment qu’elles permettent de maintenir l’ordre public face aux dérives verbales.
Alors que la garde à vue de M. Diakhaté se poursuit, le sujet divise l’opinion publique sénégalaise entre partisans de la liberté totale d’expression et ceux qui appellent à une régulation stricte pour éviter les propositions jugées offensantes ou dangereuses.