Amnesty International à travers un tweet jeudi 8 juin 2023, a indiqué avoir décompté 23 morts dans les heurts qui ont secoué le Sénégal à la suite de la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko. S’opposant au bilan officiel des autorités, l’organisation a exigé une enquête indépendante.
Plusieurs villes du Sénégal ont été entre le 1er et le 3 mai – pour n’évoquer que ces dates là – le théâtre de graves troubles entre des manifestants et les forces de sécurité. Ces tristes évènements sont intervenus à la suite de la condamnation du leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) Ousmane Sonko. L’annonce de la condamnation de cette personnalité populaire au sein de la jeunesse et dans les milieux défavorisés a déclenché des violences sans précédent qui ont fait officiellement 16 morts selon les chiffres des autorités.
LIRE AUSSI: Tensions au Sénégal: Macron joint Macky au téléphone, les coulisses de leur conversation
Mais contrairement à ces chiffres, Amnesty International a indiqué jeudi avoir décompté 23 morts dans les troubles qui ont secoué le Sénégal la semaine dernière. Des chiffres qui dépassent le bilan officiel des autorités. A travers 18 entretiens, des vidéos authentifiées et des certificats de décès et rapports d’autopsie qui attestent de blessures par balles, Amnesty donne un bilan humain à la hausse et dénonce un usage excessif de la force ainsi que des atteintes à la liberté d’expression et d’information. “Près de 23 morts, selon nos chiffres, dont plusieurs par balles, ont été enregistrés entre Dakar et Ziguinchor”, précise Amnesty International dans un communiqué cité parvenu à Africaho. L’organisation note par ailleurs, des mineurs dans le rang des personnes qui malheureusement perdu la vie dans ces manifestations.
LIRE AUSSI: Tensions au Sénégal: le président en exercice de la Cédéao affiche sa position
#Sénégal – Répression meurtrière des manifs
• Au moins 23 morts dont 3 enfants, plusieurs par balles
• des civils armés, aux côtés des forces de l’ordre, s’en prenant violemment aux manifestants
• Internet mobile et réseaux sociaux suspendus
Les détails 👇
— Amnesty Sénégal (@AmnestySenegal) June 8, 2023
Des chiffres entérinés par le Pastef
Contrairement aux chiffres des autorités, le Pastef a également noté tout comme Amnesty International Sénégal, 26 morts. Le parti par la voix de son porte-parole, El Malick Ndiaye a fait état jeudi, du même bilan, rapporte le site Dakaractu. Cette formation politique d’opposition dénonce au même titre que l’organisation, les atteintes à la liberté d’expression. Faut-il le rappeler, les autorités ont suspendu plusieurs jours l’accès à des réseaux sociaux populaires et l’accès à internet via les téléphones portables.
LIRE AUSSI: Sénégal: Adji Sarr fait appel du verdict du Tribunal dans son procès contre Ousmane Sonko
L’ouverture d’une «enquête indépendante»
Avant Amnesty International, Human Rights Watch a aussi critiqué la réponse des autorités aux troubles annonçant un nombre de morts supérieur à bilan des autorités. Dans son communiqué, Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty Sénégal avant d’inviter les deux camps à la retenue, a exigé des autorités sénégalaises, de garantir à l’organisation, les conditions d’une enquête indépendante.
Au Sénégal, le calme semble revenir progressivement. Les manifestations ont drastiquement baissé à Dakar et à Zinguinchor. Adji Sarr, la jeune femme qui a accusé Ousmane Sonko pour «viols répétitifs» et «menaces de mort», charges finalement requalifiées en “corruption” d’une personne de moins de 23 ans a interjeté appel du verdict, a indiqué l’un de ses avocats, Me El Hadji Diouf. Les incertitudes sur le sort de M. Sonko, susceptible d’être arrêté continuent de planer. La candidature ou non de Macky Sall à un troisième mandat reste le point d’achoppement entre les deux camps.