Que se passe-t-il au sein de l’islam au Bénin ? Après le clergé catholique qui a clairement appelé le législateur béninois à procéder à une relecture du nouveau code électoral qui corse notamment les conditions d’éligibilité pour prendre aux élections générales de 2026, l’islam en ce qui le concerne peine à accorder ses violons, surtout dans le rang des principales figures de proue de cette religion.
En effet, la semaine dernière à Parakou dans le département du Borgou, des imams réunis en groupe ont exprimé leur soutien aux institutions de la République et appelé au respect du nouveau code électoral voté par l’Assemblée nationale et promulgué par le président Patrice Talon. Dans une motion lue dimanche 23 juin à la Mosquée centrale de la ville, ils ont indiqué que leur posture émanait d’une volonté de maintenir la paix sociale et la stabilité politique au Bénin, et ce, dans le but d’unifier les positions des partis politiques tant du pouvoir que de l’opposition face aux règles électorales nouvellement établies.
“… Nous en rappelons au respect des textes de la république, au respect de la laïcité de l’État et surtout au respect du code électoral voté par l’Assemblée nationale et promulgué par le chef de l’État au nom de la cohésion nationale et la paix sociale. Le Bénin est un et indivisible“, avait d’ailleurs déclaré leur porte-parole dans un premier temps. “Nous devons éviter de faire interférer la religion et la politique. Nous demandons donc à toutes les confessions religieuses de laisser les politiques gérer les affaires politiques“, ont-il poursuivi comme pour inviter l’Eglise catholique qui de son côté, a appelé à une refonte de la nouvelle loi électorale, afin de préserver la paix au Bénin lors des prochaines échéances électorales.
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La réaction de l’Union Islamique du Bénin
En réaction à cette prise de position, l’Union Islamique du Bénin (UIB), a tenu à préciser sa position. Selon le secrétaire général de l’union, Yessoufou Abdoul Jalili, l’UIB ne se retrouve pas dans les décisions prises durant cette séance. “Ce n’était pas une réunion à laquelle l’Union Islamique du Bénin a participé, mais plutôt quelques figures de l’Union Islamique du Bénin. C’était une séance de prières pour la nation, mais au cours de l’assise, il y a eu quelques déclarations ou décisions qui ont été prises par des imams et non par l’Union Islamique du Bénin. Les gens y étaient à titre personnel. Malheureusement, cela a été lié à l’Union Islamique du Bénin,” a-t-il expliqué.
Le secrétaire général de l’UIB a également souligné que la décision prise durant cette rencontre n’engage que les participants ou les organisateurs, et non l’Union dans son ensemble. “De près ni de loin, l’Union Islamique du Bénin n’a été associée à cela. Maintenant, quant au code électoral, il s’agit d’un dossier très important pour nous et qui ne mérite pas d’être traité de cette façon”, a-t-il poursuivi.
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L’islam divisé sur le code électoral
Cette rupture au sein de l’Union islamique révèle les profondes divisions qui traversent actuellement le pays à l’approche des échéances électorales. Alors que certains prêcheurs de paix cherchent à apaiser les tensions et à promouvoir un dialogue constructif, d’autres voix au sein de la communauté religieuse rejettent fermement toute ingérence dans les affaires politiques, soulignant ainsi une fracture idéologique croissante.
Le nouveau code électoral, point de discorde entre les partis du pouvoir et de l’opposition, continue de susciter des débats houleux et des critiques de part et d’autre. Les défenseurs du code voient en lui un moyen de renforcer la transparence et l’intégrité des élections, tandis que ses détracteurs l’accusent de favoriser le statu quo et de limiter la participation démocratique.
Dans ce climat de tension et de polarisation, l’appel initial des imams pour le respect du code électoral a jeté une lumière crue sur les défis auxquels le Bénin est confronté alors qu’il se prépare pour les prochaines élections. L’avenir politique du pays semble plus que jamais suspendu à un fil, alors que les acteurs politiques et la société civile continuent de naviguer dans des eaux agitées, cherchant des solutions pour préserver la démocratie et la paix sociale.
Cette situation en évolution rapide laisse entrevoir des jours incertains pour le Bénin, alors que les divergences persistent et que les enjeux électoraux ne cessent de s’intensifier.